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ration décroissante du travail. Ceci admis comme la grande loi de Dieu, il suit inévitablement que le moment viendra où le travailleur, pressé par la faim, s’estimera heureux de se vendre, lui, sa femme et ses enfants, au propriétaire de la terre, — et l’esclavage est le terme auquel la société aboutit fatalement. Voilà pourquoi M. Mac Culloch trouve dans la crainte les moyens de stimuler l’humanité à agir, — laissant entièrement de côté l’idée, l’espérance d’une amélioration dans l’avenir.

Adam Smith avait foi dans le commerce ; ses successeurs adorent la châsse du trafic. L’un tenait que plus le producteur et le consommateur sont rapprochés, plus s’accroît la production, et le pouvoir d’accumuler, et la concurrence pour acheter les services du travailleur. Les autres tiennent que les navires sont plus producteurs que les terres à blé ; — les premiers gagnant en pouvoir d’année en année, tandis que le pouvoir des autres va déclinant. Plus le producteur est loin du consommateur, et plus les intermédiaires sont nombreux ; plus augmentera, nous assure-t-on, la quantité de choses produites, — consommateurs et producteurs trouvant une demande croissante de leurs services, d’autant qu’ils sont plus séparés. L’un désire la concurrence pour l’achat du travail, aussi dénonce-t-il le système basé sur l’idée d’avilir les prix des matières premières, y compris le travail ; les autres, — cherchant à produire la concurrence par la vente du travail, — se font les avocats d’un système basé sur l’avilissement des prix du blé et du coton, et veulent, pour les transformer en drap, « que l’offre du travail soit abondante et à bas prix[1].

Plus s’abaissent les prix de la terre et du travail, plus s’accroît la nécessité d’une taxation indirecte et frauduleuse. Plus ils montent, plus le gouvernement a la faculté de requérir ouvertement et honnêtement tous les deux de lui fournir les subsides ; et plus la société prend un rang élevé parmi les nations. La centralisation tend à mettre sur la première voie ; la concentration tend à mettre sur l’autre.

§ 17. — La protection vise à augmenter la valeur de la terre et du travail, et par là à créer le pouvoir de taxation directe. Les interventions dans le commerce pour la seule fin de revenus publics visent à perpétuer la taxation indirecte. La première tend à la concentration et à la liberté. Les dernières tendent à la centralisation et à propager l’esclavage parmi l’humanité.

On marche à la liberté quand on est dans la voie des rentes et des impôts dont le taux est déterminé, — laissant au propriétaire ou à l’occupant toute liberté de décider comment il emploiera

  1. Voyez précéd., Vol 1, p 243.