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tion, nous trouvons l’assemblée constituante abolissant, en 1791, les taxes nombreuses qui font obstacle à la circulation et leur substituant des contributions directes sur la terre et les maisons, — contributions qui constituent aujourd’hui les plus importants articles dans le revenu. L’Espagne aussi a fait de même, — un impôt territorial général a remplacé l’alcavala, qui grevait chaque transfert de biens meubles, petits ou grands, et de nombreuses taxes inférieures qui tendaient à arrêter la propriété dans le trajet du producteur au consommateur. En Allemagne, nous trouvons partout une tendance de la rente déterminée en argent à se substituer au service personnel, et des impôts sur la terre, les maisons et les autres propriétés fixées, à se substituer à ceux qui s’étaient acquittés jusqu’alors sur les biens meubles passant de main en main ou d’une localité a une autre.

Aux États-Unis, nous observons un état de choses correspondant en passant des États du Sud, où la terre est tenue en grandes plantations et cultivée par des hommes dans l’esclavage, aux États du Nord et de l’Est où la terre est divisée et les hommes libres. Dans la Caroline du Sud, le budget de l’État est presque entièrement fourni par les taxes sur les esclaves, sur les nègres libres, sur les patentes et les marchandises. Sur un budget total de 380.000 dollars, la Caroline du Nord ne perçoit que 105.000 dollars sous la forme d’impôt territorial ; — ce sont des contributions sur la propriété mobile qui fournissent le reste[1].

La Virginie taxe les marchands et les taverniers, les vendeurs de billets de loterie et les médecins, les hommes de loi et les dentistes, les pendules, harpes, pianos, chevaux, voitures, esclaves et autres commodités et objets ; — c’est ainsi qu’elle fournit à toutes les dépenses du budget d’une société de 1.400.000 âmes. Assez ré-

  1. Pour donner on exemple frappant des sources misérables auxquelles les sociétés qui n’ont que peu de propriété fixée, sont réduits à recourir, pour former le revenu public, Voici la liste des utilités et des objets taxés : couteaux de table, pistolets, pianos, harpes, cartes à jouer, billards, jeux de boule, cirques, spectacles, montres, argenterie, voitures de luxe, voitures de vendeurs, drogues et médecines, colporteurs, détaillistes, tavernes, auberges, étables de louage, bouviers, magasins, vendeurs de nègres, marchands de liqueurs, crieurs d’encan, compagnies d’assurances, banquiers, gens qui montrent des curiosités naturelle : chanteurs, danseurs, lecteurs pour de l’argent, etc. Il semble que rien n’échappe, et cependant en fin de compte le revenu total ne s’élève pas à cinquante cents par tête.