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taux de la quote-part du capitaliste et à élever celle du travailleur est en raison directe de la circulation du travail et de ses produits.

L’Attique, dans les jours de paix qui suivirent la promulgation des lois de Solon, nous présente un peuple chez lequel la quote-part du capitaliste va constamment s’abaissant, — en même temps que le peuple gagne de jour en jour en liberté. Plus tard, on ne s’occupe que de guerre et de négoce, le mode de distribution change et l’homme retourne à l’esclavage. Voyons peu après le siège de cette république jadis puissante, nous y trouvons une province romaine. — Les libres citoyens des anciens jours ont cédé la place à des esclaves qui dépendent du vouloir d’hommes tels qu’Hérode-Atticus, pour la solution d’une question telle que celle de la distribution des produits de la terre et du travail. La circulation du corps social ayant graduellement cessé, la mort politique et sociale a suivi comme conséquence nécessaire.

En Italie nous trouvons une répétition de ce que nous avons vu en Grèce, — la circulation cessant par degrés à mesure que la terre est monopolisée et que des individus acquièrent le pouvoir de diriger la distribution de ce qui est produit par des troupeaux d’esclaves. La centralisation et l’esclavage conduisent à l’abandon des sols les plus riches. Les derniers jours de l’empire nous montrent la fertile Campana devenue la propriété de quelques grandes familles, qui sont les récipients où s’engloutissent d’énormes revenus, mais qui sont incapables de la moindre défense personnelle[1].

L’Espagne chassa la partie la plus industrielle de sa population ; — il en résulta arrêt de la circulation et abandon des plus riches sols. La terre se consolida, d’où résulta accroissement de pouvoir chez une minorité, et faiblesse correspondante dans le peuple et dans l’État.

Louis X proclama l’abolition du servage, chaque homme en France put être, dès lors, supposé libre[2]. Cependant, comme toutes

  1. Rome comptait, à l’époque d’Alaric, 1.760 grandes familles — dont quelques-unes possédaient un revenu annuel de 500.000 dollars. Dans la Campana, un demi-million d’acres avaient été abandonnées.
  2. En proclamant que chacun était libre, — Louis invitait les serfs à acheter leur liberté. Ses officiers avaient ordre de confisquer les biens des récalcitrants et de les forcer à devenir libres. Dans sa cupidité insatiable, il imposa une taxe de deux deniers par franc sur chaque contrat d’achat ou de vente fait par des Italiens —