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nant un décroissement des quote-parts dans les produit » payées comme rente. La diminution de valeur des premières terres suit comme conséquence nécessaire. Nous avons déjà vu que cette diminution a lieu en effet et qu’elle provient de la facilité croissante d’accumulation, — la terre obéissant aux mêmes lois que les charrues, les haches et les engins — tous objets qui tombent, avec le temps, au-dessous un coût de production. Sa valeur étant partout limitée au coût de reproduction, et celui-ci tendant à diminuer à chaque accroissement de richesse, le propriétaire se trouve forcé d’accepter, de l’homme qui en fait usage, moindre quote-part dans les produits. Jamais rente comme celle qu’a imaginée M. Ricardo ne fut et n’a pu être payée. Le propriétaire de l’outil primitif, ou du premier moulin, pourrait tout aussi bien s’attendre à être payé pour l’usage des propriétés originelles et indestructible du fer — que le propriétaire du premier champ exploité.

§ 5. — L’esclavage final de l’homme est la tendance nature de la théorie Ricardo-Malthusienne, qui élève la rente à mesure que le travail devient moins productif. Cette théorie comparée avec les faits.

La troisième proposition est que, avec l’accroissement de richesse et de population, et en vertu de la nécessité qui en résulte de recourir aux sols pauvres, — la rente s’élève à mesure que le travail devient de moins en moins productif. Si la culture débute par les sols riches, on doit tenir pour vraie cette assertion : que le résultat nécessaire d’un accroissement de la race humaine et du pouvoir de combinaison et d’association, serait l’asservissement croissant des hommes du travail au vouloir de ceux qui possèdent la terre. L’esclavage définitif de l’homme est ainsi la conclusion naturelle des doctrines Ricardo-Malthusiennes. Si cependant la culture ne débute pas par les sols riches, — si au contraire elle débute toujours par les sols pauvres, passant de là aux sols riches, avec une rémunération croissante du travail, c’est alors l’inverse qui est la vérité. La quote-part du propriétaire doit décroître constamment, laissant une quote-part plus forte dans une quantité accrue au travailleur, dont le lot final devra être la liberté au lieu de l’esclavage ; et c’est là en effet la marche des choses, comme le prouve l’histoire de toutes les nations qui progressent.

Nous lisons dans Adam Smith, qu’à la différence de la première époque de la société où la terre était cultivée par des serfs qui appartenaient à un seigneur corps et biens, ainsi que le produit de leur travail, — la part du propriétaire ne dépassait pas, de son temps, le tiers ou même le quart de la production, — et que néan-