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coûté pour une de 100 boisseaux ; mais ils le peuvent de même. Au lieu donc de demander trois quarts de la récolte, il ne demande que trois cinquièmes, — il reçoit 120 au lieu de 75 que recevait son prédécesseur et laisse au travailleur 80, — c’est-à-dire plus de trois fois la première quantité allouée.

À la troisième étape du progrès, nous retrouvons le même phénomène, qui se fait encore mieux sentir. Une ferme d’un rapport de 300 boisseaux coûte moins de peine à établir qu’il n’en a coûté pour celle de 200 boisseaux ; son propriétaire traite avec des travailleurs dont les pouvoirs se sont accrus, — des hommes qui ont eux-mêmes accumulé un capital. Il ne demande plus que la moitié de la récolte ; il reçoit 150, — laissant 150 au travailleur, dont le prédécesseur n’avait que 80. Les salaires s’élèvent donc à 150 boisseaux, ce qui facilite beaucoup un nouvel accroissement de capital. Animé d’une force constamment accélérée, le progrès vers la création d’un outillage encore amélioré, marche beaucoup plus vite que par le passé, et maintenant une ferme d’un rapport de 400 boisseaux s’établit avec bien moins de peine qu’il n’en a coûté pour celle de 300 boisseaux. Le coût de reproduction, abaissé à ce points son propriétaire est forcé de se contenter de 40 %, — il prend 180, et laisse au travailleur 220.

À la cinquième étape, la quote part du capitaliste tombe à deux cinquièmes. — Le pouvoir de la société, sur les services de la nature, s’est tellement accru, qu’une ferme de 600 boisseaux coûte moitié moins de peine à établir qu’aucune des fermes précédentes » Il en est ainsi pour la suivante, qui rapporte 1.000 boisseaux. L’accroissement des salaires y correspond au même degré ; le travailleur, qui mesure ses pouvoir contre la somme totale du travail que, dans un échange, représenterait la nouvelle ferme, se trouve autorisé à demander deux tiers de la récolte, ne laissant qu’un tiers au propriétaire. Nous voici loin des trois quarts que prélevait le premier propriétaire.

Dans toutes les distributions, le capitaliste a bénéficié ; il a obtenu une quantité constamment croissante, résultat d’une quantité constamment décroissante dans une production qui a toujours été en augmentant ; mais le travailleur a bénéficié bien mieux encore, en gardant pour lui-même une quotité constamment croissante dans cette production augmentée. Ainsi nous avons :