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celles qui suivent l’autre voie, elle devient moins équitable et l’homme marche à l’esclavage.

§ 14. — Plus la circulation s’accélère, plus l’équité règle la distribution. Identité des lois physique et sociale.

Dans le monde physique, il faut le mouvement pour engendrer la force. Le mouvement lui-même est une conséquence de la chaleur. Il en doit être ainsi dans le monde sociétaire, — car la loi physique et la loi sociale ne font qu’une seule et même loi. D’où Tient cependant la chaleur à laquelle ce monde sociétaire doit son mouvement et sa force ? La réponse se trouve dans l’importante vérité, qu’on vient de constater tout récemment, que le mouvement engendre la chaleur, comme à son tour la chaleur engendre le mouvement[1].

Plus il y a mouvement, plus il y a chaleur ; et plus il y a chaleur, plus il y a vitesse et force. Voulons-nous voir l’application de ce principe si simple à la science sociale ? Revenons au diagramme donné ci-dessus. Nous trouvons à la gauche absence totale de mouvement, de chaleur et de force. À mesure que nous avançons vers la droite, nous voyons accroissement de tout cela jusqu’à ce qu’enfin, arrivant aux États de la New-England, nous trouvons plus de mouvement et de chaleur que dans toute autre partie du continent occidental, et une plus grande somme de force. Traversons l’Atlantique, nous trouvons la combinaison du tout dans la France et dans l’Allemagne, tandis qu’au Portugal et en Turquie il n’existe ni mouvement, ni chaleur, ni force. Comparons l’Auvergne avec la Normandie, — les hautes terres de l’Écosse avec les basses terres, — ou Castille et Aragon avec la Biscaye, nous obtenons précisément le même résultat : circulation lente, chaleur et force à peine appréciables dans les premiers ; tandis que le tout abonde dans les autres. La raison nous sera facile à comprendre après la lecture des quelques

  1. Le professeur William Thompson a présenté à l’institution royale de Londres un appareil, au moyen duquel une certaine quantité d’eau contenue dans un vase cylindrique, où sont disposées des palettes en haut et au fond, est agitée vivement en rond par un disque également pourvu de palettes et acquiert ainsi une température supérieure de quelques degrés par la force d’un homme. Si l’on emploie la manivelle d’une machine à vapeur, on peut élever la température de 30 degrés Fahrenheit en une demi-heure. Les supports de la tige à l’extrémité de laquelle le disque est attaché, sont tout à fait extérieurs ; de sorte qu’il n’y a aucun frottement de corps solides au-dessus de l’eau, et qu’il ne peut se produire de chaleur que par le frottement dans le fluide lui-même. Il est à remarquer que la chaleur ainsi obtenue n’est point produite d’une source, mais qu’elle est engendrée. — Annual of Scientific Discovery, 1853, p. 183.