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que la population du globe nourrit, habille et abrite (et aussi fournit leur travail) environ trois fois autant de monde qu’il y en a d’employé dans l’Angleterre à extraire sa houille et son fer, à fondre ses minerais, à mettre son fer en gueuse, en barre, en rails, à construire son outillage de toute nature, et à convertir le fer, le cuivre, le bronze, le coton, la laine, la soie, le chanvre et le lin en utilités aptes à la consommation ; qu’ainsi, en outre de la fourniture de toutes les matières premières, elle fournit tout le travail, et que de plus elle fournit nourriture, vêtement et logement pour deux millions et demi d’individus qui pourraient être autrement employés.

Du million et demi, il n’y a cependant qu’une petite proportion employée à travailler pour les étrangers qui fournissent cette subsistance et ces matières premières. Des utilités exportées, presque toutes sont des sortes les plus grossières, exigeant pour leur préparation une faible dose d’habileté et de goût. Ainsi, par exemple, sur une exportation de 87.000.000 liv. sterl., en 1854, près de 15.000.000 liv. consistaient en métaux à l’état le plus grossier, ayant donné occasion à un travail très-peu au-dessus de la force brute. Les houilles constituent 1.500.000 liv., tandis que de simples filés de laine figurent pour 10.000.000 livres. Les cotonnades, d’une valeur moyenne de 3 deniers 1/2 l’aune, montent à près de 24.000.000 liv. Des toiles d’une valeur moyenne de 8 deniers à l’aune figurent pour plus de 4.000.000 ; à côté de poterie, alcali, bière, aie, beurre, chandelles, cordages, poisson, sel et laine, qui contribuent à la masse pour 5.000.000 livres. La différence entre les chiffres que présentent les exportations française et anglaise est très-remarquable, — la première présentant rarement un objet qui n’ait été ouvragé jusqu’au plus haut degré ; l’autre prouvant que de toute cette immense quantité d’articles reçus du monde, ceux qui font retour n’ont reçu que le plus bas degré de préparation requis pour les faire accepter chez une population d’ordre inférieur. Si l’on excepte la mécanique et les appareils d’usine dont le chiffre n’atteint pas 2.000.000 livres, et la quincaillerie et coutellerie qui donnent le double de cette somme, il n’y a presque aucun article sur la liste des exportations anglaises qui exige du goût ou de la dextérité. En présence de ce fait, on est en droit de douter si plus d’un cinquième du travail donné aux manufactures, — soit celui de