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quatre cent mille âmes ; mais dans dix-neuf années sur les trente-trois, le chiffre d’importation a été insignifiant[1].

La moyenne annuelle de ses exportations dans les dix ans qui finissent en 1836, a été d’un peu plus que 500.000.000 francs[2]. En 1852, le chiffre s’éleva à 1.250.000.000 — soit une augmentation de 150 % ; tandis que la moyenne des cinq années d’auparavant, y compris celles désastreuses de 1848 et 1849, dépassa 1.000.000.000[3] ; or cependant, toute considérable que fût l’augmentation, c’est à peine si le montant total du travail exporté directement représente la subsistance produite sur le sol français. Combien faible est la quantité de matières premières étrangères qui vont à la production des objets exportés, se voit par le fait que tandis que la valeur des cotonnades exportées en 1854 était de 60.000.000 francs, le poids n’était que de 7.300.000 kilogrammes — donnant une moyenne de 70 % pour le coton brut qui a passé dans les mains du manufacturier à un prix moyen probablement de dix cents. Le poids total des tissus exportés cette année ne dépassait pas 16.000.000 kilogrammes — le chargement de trente ou quarante navires d’un tonnage très-médiocre ; et cependant cette petite masse ne contenait pas moins de soixante millions de dollars de subsistance française condensée, conformément aux idées d’Adam Smith, de manière à pouvoir voyager jusqu’aux points du globe les plus lointains.

La tendance de la politique de la France est de rendre les fabriques les subsidiaires de l’agriculture, — de combiner une petite quantité de produits bruts étrangers avec une large quantité de produits domestiques et de mettre ainsi les fermiers vite en état d’entretenir commerce avec les contrées lointaines. C’est à peine si un objet sort avant d’avoir atteint une forme assez élevée, pour que l’habileté et le goût, qui représentent sa propre subsistance, soient dans une proportion très-forte relativement à la valeur de la matière première employée. Le montant de ses exportations de produits bruts est insignifiant ; et celle même des vins est très-peu au-dessus de ce qu’elle était dans les années qui ont précédé immédiatement la Révolution ; — la moyenne de 1844 à 1846 n’a été

  1. Jonnès. Statistique de la France, p. 126.
  2. Mac-Gregor. Commercial Statistics, vol. I, p. 469.
  3. Annuaire de l’Économie politique pour 1854, p. 57.