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d’épargnes pour le capital désengagé ; comme les champs, les maisons, les terrains constituent des banques semblables dans lesquelles est placé ce qui autrement serait le travail perdu de leurs propriétaires. Avec le temps, — les emplois venant à se diversifier, — il y a à chaque degré de progrès dans ce sens, diminution de la quantité de monnaie nécessaire, — le fermier échangeant alors directement avec le tanneur et le cordonnier, et le chapelier avec le marchand de sucre et de café, — n’ayant à payer en monnaie que la balance. Moins de capital est alors nécessaire pour l’entretien de l’instrument d’échange de la main à la main ; plus de capital et de travail peut être donné à la production et le rendement des deux augmente de beaucoup, — résultat à l’accomplissement duquel le petit comptoir de monnaie a largement contribué.

Le propriétaire de monnaie, ou de circulation, en retient alors quelque peu dans son portefeuille, tandis que le reste est à la banque. Dans un cas il est propriétaire de ce qu’on appelle « circulation » et dans l’autre il est propriétaire d’un dépôt, — la proportion de la circulation au dépôt dépendant de la proximité ou de l’éloignement de la banque. S’il en est voisin il gardera en main très-peu de notes puisqu’il peut s’en procurer à l’instant, — son titre de déposant répondant jusqu’à concurrence, — s’il en est loin, il aura toujours avec lui autant de notes que ses affaires en demandent pour une semaine, pour un mois.

La facilité accrue d’obtenir la sorte de circulation dont on a besoin tend à diminuer la quantité que l’on tient en main, en même temps qu’elle facilite les échanges et augmente le pouvoir de combinaison. Avec l’accroissement de richesse et de population, il y a tendance à augmenter le nombre des banques ; à augmenter la facilité d’obtenir l’instrument d’échange, et abaisser le rapport de la monnaie, — soit or, argent ou billets au porteur, ou toute autre forme que celle transférable par titres ou effets, — au montant du commerce. La décentralisation diminue ainsi le pouvoir des banques et des banquiers, tandis que la centralisation l’augmente.

En voulons-nous la preuve la plus concluante qui soit au monde ; nous nous adresserons aux États-Unis, et pour le plus haut degré d’évidence parmi ces États à celui de Rhode-Island, — le pays, parmi tous, où le droit d’association pour des opérations de banque a toujours été exercé avec une liberté extrême. Là presque chaque