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tandis que les deux systèmes, tant de Londres que de France, pourvoient à le centraliser dans Londres et Paris pour y être employé par des intermédiaires qualifiés de banquiers, qui empruntent de l’argent à bon marché et le prêtent à haut prix. Sous le système américain, pleinement développé, on trouverait partout de petits établissements agissant comme les caisses d’épargne, ainsi que c’est aujourd’hui le cas en New-England. Sous les autres systèmes, les épargnes du pauvre travailleur de Cork ou de Limerick doivent aller se placer dans les fonds du gouvernement ; comme le sont en France celles de l’ouvrier de Sedan et de Rouen, du journalier de Provence ou du Languedoc. La décentralisation tend vers la fermeté, et pourtant le dernier demi-siècle n’a pas vu moins de deux suspensions de toutes les banques du pays ; et dans une autre occasion, plus de moitié ont dû en venir là. De grands établissements, comme la banque des États-Unis et la banque Girard, ont été entièrement anéantis, et les actionnaires ruinés ; grand nombre de plus petits ont perdu presque tout leur capital. Pourtant examinez le mouvement général des banques partout où vous le pouvez, vous trouvez les prêts assez petits, comparés avec leur capital réel, pour nous autoriser à attendre une fermeté qui puisse assurer à la population plus de régularité dans la circulation qu’il ne s’en trouve en aucun autre pays, et aux actionnaires, sécurité presque entière contre un danger sérieux. La cause de tout cela se trouve dans la proposition suivante :

La monnaie ne peut avoir cette stabilité de valeur qui est nécessaire pour faire d’elle un convenable étalon de valeur, dans tout pays qui n’a pas en sa faveur une ferme et régulière balance de négoce payable en métaux précieux.

Qu’il en doive être ainsi, le lecteur le concevra facilement. Ces métaux sont nécessaires à plusieurs usages dans les arts. Ils sont sujets à se perdre, en même temps que de tous les autres objets ils se prêtent le plus à la manie de thésauriser ; et thésaurisés ils sont complètement inutiles à la communauté. C’est pour le moment comme s’ils avaient cessé d’exister. De plus les espèces sont sujettes à perdre de leur poids par le frai, comme s’en aperçoivent si bien ceux qui ont à se servir des petites pièces d’argent anciennes. Pour répondre à ces inconvénients un influx de métaux précieux est aussi nécessaire que l’est un influx de blé ou d’huile, de soie