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Tous deux cependant sont faibles, comparés au degré qu’ils pourraient atteindre sous un système calculé pour imprimer au mouvement de la machine sociétaire cette fermeté qui est nécessaire pour obtenir une force constamment accélérée.

« Personne en France, dit M. Coquelin, ne produit autant qu’il peut, » fait qui a sa cause dans la circulation languissante. La difficulté réelle, ajoute-t-il, n’est pas de produire, mais de trouver un acheteur pour les choses produites. D’où vient cette difficulté ? De l’existence d’une centralisation politique et financière qui n’est surpassée nulle part en Europe.

La centralisation politique exige pour son entretien un montant de taxation, en numéraire et en services, tout à fait hors de proportion avec les ressources du pays. La nécessité d’accumuler la monnaie avec laquelle payer les taxes, est une cause d’arrêt dans la circulation. Versée, elle va à Paris et de là va à des gens qui, autrement pourraient être employés chez eux, et il s’ensuit la tendance extraordinaire à l’instabilité du gouvernement. La centralisation financière maintenant s’introduit et cause arrêt de plus de la circulation, — rendant nécessaire pour tous ceux qui ont monnaie à placer, d’envoyer leurs moyens à Paris, pour y être employés à entretenir des milliers et des dizaines de milliers de gens qui pourraient être avantageusement employés ailleurs.

La France est néanmoins un pays « d’anomalies. » Une centralisation qui n’a point son égale y tend à l’esclavage et à la mort ; tandis que d’un autre côté elle profite des avis de Colbert, — cherchant toujours à rapprocher l’un de l’autre consommateur et producteur, et à donner ainsi valeur à la production de la ferme. Il en résulte qu’elle exporte plus de produits domestiques sous une forme achevée qu’aucun autre pays du monde, — qu’elle obtient pour eux un prix plus élevé qu’aucun autre, — que son pouvoir d’altérer les métaux précieux va constamment croissant, — et qu’elle prospère malgré une taxation pour l’entretien du gouvernement, accablante au plus haut degré, et une taxation pour l’entretien des actionnaires de la banque en comparaison de laquelle la dépense pour ses flottes et ses armées reste insignifiante.