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ce fut le cas dans ces terribles siècles qui interviennent entre l’accession de la maison des Valois et celle de Bourbon. Nulle part, conséquemment, la centralisation ne fut plus complète, — la pauvreté du gouvernement plus régulière, — ou ses nécessités plus urgentes. Nulle part donc la fraude en matière de falsification des espèces du royaume ne fut pratiquée plus systématiquement et supportée avec plus de patience, — la dernière trace de tels procédés se retrouve sous le règne de Louis XVI. À peine cependant la fraude avait-elle disparu du monnayage, que nous la retrouvons sous une autre forme, celle des assignats ou papier-monnaie de la Révolution, — émis avec une telle licence, que leur valeur tomba graduellement, au point qu’il fallut la somme de 600 francs pour payer une livre de beurre.

De tous les instruments de taxation celui fourni par la réglementation de circulation est le plus pénétrant dans ses effets, — le plus productif dans les cas urgents, — le plus démoralisant dans son action, — et le plus ruineux en définitive. C’est au moyen de monnaie continentale, d’abord émise par petites quantités et au pair, mais ensuite portée à une telle quantité qu’il fallait cent dollars pour acheter un baril de farine, que le congrès primitif parvint à imposer un montant de taxation bien au-delà de ce qu’il eût réussi à imposer de toute autre manière. C’est au moyen d’assignats que le gouvernement de la première révolution française parvint à lever des impôts et par eux à équiper des armées qui repoussèrent l’invasion de 1792. C’est par des moyens semblables que le gouvernement de l’Autriche a ajouté des centaines de millions à son revenu dans le présent siècle, — rappelant le papier-monnaie déprécié et le remplaçant par celui que l’on promettait devoir être bon ; et répétant l’opération tant de fois, que pour des dollars qu’on eut à l’origine on se trouve n’avoir aujourd’hui qu’un peu plus d’un pence.

§ 2. — Banques privées s’établissant à la fin de la révolution. Elles sont consolidées en la banque de France Pouvoirs de monopole de cette institution. Elle a divers intérêts à produire oscillations dans la circulation.

Avec accroissement de richesse et de population, le pouvoir sur la circulation passa graduellement des mains du gouvernement à celles des négociants en monnaie, — ardents à l’exercer à leur bénéfice et à celui de ceux avec qui ils sont liés. Ce fut le cas en Angleterre et ce l’est maintenant en France.

À la fin de la révolution, — comme le crédit n’existait pas, — le numéraire était rare et le taux d’intérêt très-haut. La situation