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une banque publique dirigée par eux-mêmes. Les transactions de celle-ci eussent été probablement ouvertes à l’examen du monde entier. Celles des particuliers sont, au contraire, tout à fait secrètes, et le résultat a prouvé qu’elles n’ont que bien rarement eu droit à réclamer la plus légère confiance. Dans la seule année 1792, les faillites parmi elles s’élevèrent au moins à cent. De 1814 à 1816, on en compta 240 ; de 1824 à 1839, les suspensions furent encore plus nombreuses, et les cas de faillite complète s’élevèrent à 118. De 1839 à 1848, le nombre des faillites fut 82, dont 46 ne donnèrent rien aux créanciers. — Le dividende moyen, du reste, fut au-dessous de 35 %. La crise de 1847 fut fatale à beaucoup de banquiers, dont plusieurs occupaient les plus hauts rangs dans la considération publique. La liquidation de leurs affaires prouva néanmoins, et presque invariablement, qu’ils n’étaient que de vrais joueurs, et depuis plusieurs années d’une insolvabilité désespérée, — vivant de rapines sur le public comme la chose a été tout récemment prouvée pour l’éminente maison Strahan et Cie[1].

§ 15. — Banques par actions. La responsabilité illimitée des partners est un reste de barbarie. La responsabilité limitée est une preuve de civilisation en avance.

La débâcle de 1825 donna lieu à un acte pour autoriser la création de banques par actions, lié cependant à tant de restrictions et à de tels règlements, qu’il exclut l’idée que quelqu’une se puisse former qui vaille beaucoup mieux que les banques privées. L’acte permit de s’associer, mais seulement sous la condition que chaque associé, quelque insignifiant ou de quelque courte durée que pût être son intérêt, serait responsable pour toutes les dettes de l’entreprise ; — maintenant ainsi dans toute sa force, le système barbare d’une responsabilité illimitée,— solidarité — qui est venue des anciens temps. Ceci entraînait un millier d’autres articles réglementaires, et il s’ensuivit la nécessité d’autres lois déterminant le rapport réciproque des parties. Ce rapport, toutefois, était si peu satisfaisant, que les individus désireux de s’associer furent forcés d’adopter des arrangements spéciaux, en vue de se ménager quelque chose qui approchât de la sécurité, tant dans les affaires avec le public que vis-à-vis les uns des autres. Les gens prudents, ce-

  1. La plus vieille banque de la cité de Londres, connue à l’origine sous le nom de Snow, mais de nos jours sous la raison — Strahan, Paul Batey et compagnie a failli et avec les circonstances les plus honteuses. On s’attendait à un passif d’environ 3.000.000 liv. st. D’après ce qui a transpiré, ils avaient absolument vécu et négocié sur les dépôts de leurs clients, — tous dépôts qui ont été perdus. L’un d’eux a perdu jusqu’à 200.000 liv.