Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 2.djvu/38

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHAPITRE XXI.

CONTINUATION DU MÊME SUJET.

§ 1. — L’alliance constante entre la guerre et le trafic, telle que la montre l’histoire de France. Pauvreté et improbité de ses souverains.

De toutes les sociétés de l’Europe, il n’en est aucune où la guerre et le trafic aient, plus qu’en France, fait une alliance étroite et constante ; aucune où se soient manifestés plus complètement les effets de cette même alliance, pour arrêter les progrès de l’agriculture et empêcher le développement des trésors de la terre. Au dehors, depuis le règne de Charlemagne jusqu’à la journée de Waterloo, elle s’est occupée presque sans relâche d’entraver le mouvement de la société chez ses voisins, dépensant en pure perte, dans ses efforts pour arriver à ce résultat, la part la plus considérable des forces intellectuelles et physiques de sa propre population ; à l’intérieur, celle-ci était privée complètement du droit de décider au profit de qui elle travaillerait et quelle serait sa rémunération, tandis qu’en tout temps elle était regardée comme sujette à être taxée suivant le bon plaisir du souverain, pour le service de l’État. Toujours pauvres, ceux qui la gouvernaient avaient, d’un côté, affermé à quelques individus le privilège de prendre, pour ainsi dire à leur discrétion, le bien de leurs sujets, tandis que de l’autre, ils avaient, pour des sommes d’argent qui leur étaient payées comptant, accordé l’exemption du payement des impôts. À un certain moment, ils avaient vendu des titres auxquels étaient attachées ces exemptions, et d’autres fois ils avaient annulé ces concessions. Cela fait, les titres avaient été vendus de nouveau, ce qui faisait payer aux acheteurs, jusqu’à deux et même trois fois, le