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tandis que la terre et le travail, les ultimes matières premières de tous — tendent à monter. L’or de Californie et d’Australie va aujourd’hui à l’Allemagne, la France, la Belgique et la Grande-Bretagne, où la monnaie abonde, et son intérêt est bas, parce que les objets manufacturés sont à bon marché et que la monnaie a valeur en la mesurant par eux. Il ne va pas à l’Espagne, l’Italie, le Portugal, la Turquie, parce que les objets manufacturés sont chers et la terre et le travail à bon marché. Il ne s’arrête pas au Mississippi, Arkansas ou Texas, parce que là aussi les objets manufacturés sont chers, et la terre et le travail à bon marché ; mais il s’y arrêtera quelque jour à venir, lorsqu’il sera bien reconnu que la charrue et la herse doivent toujours avoir pour voisins la broche et le métier à tisser.

Les produits supérieurs d’une agriculture habile —les fruits, les végétaux potagers, les fleurs, — ont ferme tendance à baisser de prix dans tous les pays où il y a afflux de monnaie, et par la raison que l’amélioration agricole accompagne toujours l’industrie manufacturière et que celle-ci attire toujours les métaux précieux. Pour peu qu’on soit familier avec les opérations de l’Ouest, on sait que tandis que le blé et le porc y sont toujours à bon marché, les choux, les pois, les fèves et toutes les récoltes vertes y sont invariablement rares et chères ; et cela se continue jusque autour de Cincinnati, de Pittsburgh et de quelques autres places où la population et la richesse ont donné un stimulant à l’œuvre de culture. En Angleterre, l’augmentation des récoltes vertes de toute sorte a été immense, suivie d’abaissement de prix ; et en France, un écrivain[1] récent nous apprend que nonobstant l’augmentation de la quantité de monnaie, le prix du vin y est d’un quart à peine plus élevé qu’il y a trois siècles. Nous lisons dans un autre : « Tous ceux de nous qui ont quarante ans, ont pu voir de leurs yeux, diminuer sensiblement le prix du jardinage, des fruits de toute espèce, des fleurs, etc. ; la plupart des graines oléagineuses et des plantes industrielles sont dans le même cas ; quelques-uns de nos légumes, comme les betteraves, les carottes, les navets, etc., sont devenus tellement communs qu’on en nourrit les animaux à l’étable[2]. »

  1. M. Moreau de Jonnès.
  2. Fontenay. Du revenu foncier.