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suit à la piste les denrées brutes généralement et l’on trouve invariablement celles-ci voyageant vers les places où les denrées brutes de la terre commandent le plus haut prix, tandis que le drap, le fer et ce qui sort des usines à fer et autres métaux, s’y vendent au plus bas ; et plus le flux est considérable dans ce sens, plus s’accroît la tendance à ce que montent les prix des premières et à ce que baissent ceux des derniers. Cela étant, il semblerait que le surcroît d’approvisionnement et de circulation de monnaie, loin d’avoir cet effet que les hommes doivent donner deux pièces pour un article qu’on aurait eu auparavant pour une, a, au contraire, cet effet qu’ils sont mis à même d’obtenir pour une pièce l’article qui auparavant leur en coûtait deux ; et nous allons montrer aisément que c’est là le cas.

La monnaie tend à diminuer les obstacles interposés entre le producteur et le consommateur, précisément comme font les chemins de fer et les usines, — qui tous tendent à élever la valeur du travail et de la terre, en même temps qu’ils mettent à bon marché, les produits achevés du travail, et qu’ils augmentent la rémunération de l’agriculteur. Chaque diminution dans la concurrence des chemins de fer tend à diminuer la valeur du travail et de la terre. Chaque diminution du nombre d’usines et de fourneaux agit de même et de même aussi, à un plus haut degré, chaque diminution de l’approvisionnement de monnaie ; tandis que son augmentation tend à produire des effets exactement inverses. La raison, c’est qu’à chaque amélioration dans le caractère de l’instrument d’échange, la quote part du transporteur, du chef d’usine, du possesseur de monnaie, diminue, et il reste davantage à partager entre le producteur et le consommateur. Tous deux obtiennent de plus gros salaires, qui leur permettent d’accumuler un capital à employer à l’amélioration de la terre ou à la conversion de ses produits ; et plus il s’en applique ainsi, plus les produits du jardin et de l’atelier seront à bon marché. C’est un fait notoire que l’industrie manufacturière a considérablement abaissé ses prix, et qu’on obtient aujourd’hui pour un dollar la quantité de cotonnade qui en aurait, dans le principe, coûté cinq ; et que la réduction a eu lieu précisément dans ces pays où l’or du monde a constamment afflué et où il afflue encore, — ce qui donne la certitude parfaite que les produits achevés tendent à baisser à mesure que la monnaie afflue —