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ou intellectuel suit sa production ; tandis que, dans l’autre, il y a diminution journalière de cette vitesse. Plus instantanément la demande suit l’offre, plus il y a économie de la force, et plus augmente le pouvoir d’accumulation. Plus il y a d’intervalle entre la production et la consommation ; plus il y a déperdition de force, et moindre est le pouvoir d’accumulation.

De tous les instruments en usage parmi les hommes, il n’en est aucun qui exerce sur leurs actions autant d’influence que celui qui amoncelle, et divise et subdivise ; et puis amoncelle de nouveau pour être à l’instant divisé et subdivisé de nouveau, les minutes et les quarts d’heure d’une communauté. C’est l’instrument d’association et l’indispensable instrument de progrès ; et c’est pourquoi nous voyons dans toutes les communautés de date récente ou pauvres un effort si constant pour obtenir quelque chose qui en tienne lieu, comme on le voit dans les divers pays du monde où un papier inconvertible constitue l’unique medium d’échange. Dans les États de l’ouest, on estime un tel papier parmi les premières nécessités de la vie. Le besoin en est si bien compris que plusieurs banques de l’Est émettent des banks-notes expressément pour la circulation de l’Ouest, et les gens les reçoivent et les passent de main en main, parce que mieux vaut n’importe quelle monnaie que pas une, et qu’ils n’en peuvent avoir une bonne, par la raison que la monnaie métallique s’écoule toujours de la localité où l’on paye cher pour son usage, vers celle où l’on paye peu, comme c’est le cas ordinaire. Le taux d’intérêt, dans l’Ouest, est aujourd’hui énorme, mais chaque jour voit l’or se porter vers New-York, où le taux est quelque peu moindre ; et même encore le haut intérêt de cette ville, — montant, comme il a fait pour des années, entre 10 et 30 % par an, — ne peut l’empêcher d’aller en France et en Allemagne, où il ne commande que 5 ou 6 %. La monnaie obéit ainsi à la même loi que l’eau, — cherchant toujours le plus bas niveau. La dernière tombe sur les hauteurs ; mais, à partir du moment de sa chute, elle ne s’arrête point qu’elle n’ait atteint l’Océan ; l’or de Californie et l’argent du Mexique ne s’arrêtent pas non plus qu’ils n’aient atteint ce point où la monnaie abonde, et où, par conséquent, l’on a le moins à payer pour son usage. Le pourquoi ? nous allons le chercher.

Dans toutes les poursuites de la vie, c’est le premier pas qui