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Danemark et Allemagne. Nous voyons partout dans les États-Unis le même fait, — le fermier de Massachusetts obtenant soixante-dix ou quatre-vingts boisseaux de blé à l’acre, et le vendant un dollar le boisseau, tandis que le fermier d’Illinois obtient d’un sol qui, dans l’origine, était de qualité bien supérieure, quarante ou cinquante boisseaux, qu’il vend de vingt à trente cents. De plus, le premier peut faire du fruit, des pommes de terre et une grande variété de denrées qui le payent mieux que son blé, tandis que l’autre est limité à la culture du blé seule. Le passé, nous l’avons déjà vu, nous présente le même résultat. Il y a un siècle, le prix du blé en Angleterre était 21 sh. 3 d. le quarter ; mais, trente ans après, la moyenne des prix, pour une période de trente ans, était 51 liv. 3 d.,et pourtant la quantité produite avait presque doublé dans cette courte période.

§ 2. — À mesure qu’elle cesse d’être une science, la production diminue, et les prix s’avilissent avec double préjudice pour le fermier.

Plus il y a tendance à déclin dans l’agriculture, plus les prix tendent à s’avilir. Le fermier alors voit diminuer la quantité de ses produits, et à cette perte s’en ajoute encore une autre dans le pouvoir moindre qu’ont ses denrées d’obtenir l’or et l’argent en échange.

Le lecteur comprendra qu’il en doit être ainsi, en songeant que le déclin agricole est toujours une conséquence de quelque surcroît de la distance du marché, — l’absence de l’artisan pour voisin imposant toujours au fermier une taxe pesante de transport, et le forçant d’épuiser son sol. Comme preuve qu’il en est ainsi, nous avons le fait que l’agriculture d’Irlande, Turquie et Portugal a été constamment se détériorant ; et qu’à chaque étape de cette détérioration, la baisse de prix de leurs denrées a marché du même pas que la diminution de la quantité produite. Le passé de tous les pays, aujourd’hui améliorateurs, en Europe, nous présente le même fait important En France, à l’époque de Louis XV, alors que le rendement de la terre n’était pas le quart du rendement actuel[1], le prix était moindre d’un tiers que celui actuel En Angleterre, comme nous l’avons vu, le blé se vendait, il y a un siècle, à un prix moins d’un tiers au-dessous du prix de nos jours. Dans les autres parties de l’Europe, voici les changements pendant un siècle ; nous les tirons d’un récent ouvrage allemand[2].

  1. Voir précéd., p. 58.
  2. Rodbertus, Sociale Briefe, p. 245.