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la consommation moyenne en pain par les 22.000.000 de têtes de la population des États-Unis, nous avons un total de 286.000.000 boisseaux pour l’année. Sans entrer dans un détail de preuves, on peut sans crainte avancer que les éléments de fertilité contenus dans toute la viande, lait, beurre, fromage, pommes de terre, fruits et légumes consommés par la population américaine, peuvent dépasser de 10 pour cent le chiffre que donne la consommation en grains. Dans mon calcul, cependant, il me suffit d’adopter moins de 10 pour cent, et j’évalue les éléments fertilisants contenus dans ces articles de l’alimentation humaine à 314.000.000 boisseaux de grains. Additionnant les sommes, nous avons les cendres de 314.000.000 boisseaux de grains, réellement enlevées aux sols américains, sans que presque rien de cela y fasse retour. »

» Le même gentlemen a calculé que la perte totale annuelle de matière fertilisante équivalait à la quantité nécessaire pour former les cendres de 1.000.000.000 boisseaux de grains, ou environ le double de notre récolte actuelle. Le calcul ne tient pas compte de nos larges exportations de pain et de la vente des cendres. Ailleurs, il admet que les deux tiers des engrais de tous les animaux domestiques font retour au sol. En 1850, la valeur des animaux abattus représentait 111.703.142 dollars, ce qui équivaudrait à 3.723.438 bêtes bovines, à 30 dollars par tête. Les os seulement de ces animaux représenteraient, comme engrais, une valeur d’environ 5.500.000 dollars.

» Dans l’opinion de l’écrivain, on ne pourrait estimer les déperditions totales annuelles du pays au-dessous d’une quantité équivalente aux minéraux constituants de 1.500.000.000 boisseaux de grains.

» Supposer qu’un tel état de choses puisse continuer, et que nous puissions rester une nation prospère, est tout bonnement ridicule. Nous avons encore beaucoup de sol vierge, et il peut s’écouler un long temps avant de recueillir le fruit de notre imprévoyance actuelle. C’est simplement une question de temps, et le temps donnera du problème une solution sur laquelle on ne peut se tromper. Bourreaux envers la terre et dissipateurs que nous sommes, nous perdons chaque année l’essence intrinsèque de notre vitalité.

» Notre pays n’en est point encore à l’état de faiblesse par cette perte de son sang vital, mais l’heure est fixée, à laquelle, si notre