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les plus élevées de toutes ; tandis qu’elles sont ici les plus basses. La moyenne française des six années finissant en 1852, pour toute la France, doit avoir été de 60 %plus forte que la moyenne de toutes ces années pour noire pays ; et pourtant tout ce qu’il fallait pour porter les prix ici au niveau de ceux du dehors, c’était la création d’un marché pour 26.000.000 dollars de subsistances ; ce qui est moins que deux % de la production totale. À ceux qui en douteraient nous nous contenterons de dire que les différences que nous établissons comme probables, correspondent exactement à celles qui se présentent en Angleterre dans la période de 1750 à 1770. Le commerce alors prend développement, la circulation s’accélère et l’on dépend moins du trafiquant ; et chaque degré de cette moindre dépendance est marqué par un accroissement de la valeur du travail et de la terre. Ici, au contraire, on va constamment dépendant de plus en plus du trafiquant, et chaque degré de cette dépendance plus grande est marqué par un abaissement du prix de subsistances qui, en définitive, doit régler le prix de la terre et du travail.

§ 7. — La politique américaine tend à élever la différence entre les prix des denrées brutes et des utilités achevées. Cette politique tend à la barbarie, et de là les anomalies qui existent.

Peut-être va-t-on objecter qu’ici les consommateurs de subsistances souffriraient d’une telle manière d’opérer. Toutefois c’est l’inverse qui a eu lieu dans tous les autres pays, et il en sera de même ici. À aucune époque l’histoire d’Angleterre ne présente des preuves de civilisation progressive, telles qu’en fournit le rapprochement des prix des matières premières et des produits achevés, aussi grandes que dans les vingt-cinq années qui précèdent l’ouverture des guerres de la Révolution française, et à aucune époque la condition de sa population ne s’est autant améliorée. La circulation s’accélère d’année en année. Le travail devient d’année en année plus économique ; et comme le pouvoir d’accumulation dépend entièrement d’une telle économie, il suit nécessairement que la richesse augmente avec une rapidité extrême. La terre et l’homme dans cette période ont presque doublé de valeur ; et tout cela grâce à ce qu’on est soulagé de la taxe de transport, soulagement qui provient du développement de commerce. C’est aussi de même en France ; à aucune période dans les deux derniers siècles, le blé n’a été à si bas prix que sous le règne de Louis XV, et pourtant à aucune la population n’a autant souffert du manque de subsistances. C’est à peine s’il existait commerce. Depuis lors le prix a monté rapidement, permettant au fermier de gagner des deux