Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 2.djvu/155

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

§ 4. — Indépendance croissante des marchés étrangers, résultat de la diversification d’emplois dans la population.

À chaque pas du progrès mentionné, il y a eu décroissance de la nécessité d’aller chercher les marchés étrangers, comme le montre le fait, que tandis que, de 1827 à 1832, l’exportation moyenne des grains de toute nature s’élevait à plus de 3.000.000 de Tchetwerts. Ce chiffre a été à peine dépassé dans aucune période jusqu’en 1850, — excepté dans les années de disette entre 1845 et 1848, alors que les hauts prix de l’Angleterre offraient un énorme bénéfice sur l’importation de subsistances. Le rappel des lois sur les céréales paraît avoir exercé à peine le plus léger effet, — à en juger par le total des exportations de blé et les quantités expédiées à l’Angleterre d’après les documents officiels.

1848 ____ 18.396.211 boisseaux.   6.225.632 boisseaux.
1849 13.453.888 4.721.630
1850 14.596.120 5.710.208
1851 13.911.240 3.140.336

En 1852, les exportations à la Grande-Bretagne
ont atteint

___________________________ 7.663.026
----------------
Total. 27.461.082
Moyenne. 5.492.216

La production entière de céréales est évaluée à 260.000.000 tchetwerts, ou environ 1.600.000.000 de boisseaux, et de toute cette énorme quantité, le seul article qui peut, jusqu’à un certain point, supporter les charges de transporta des marchés lointains est le blé ; et cependant l’exportation totale de cette nature, pour la moyenne de cinq ans, paraît avoir été au-dessous de 15.000.000, ou moins un pour cent de la production totale. La cause s’en trouve dans le fait qu’avec le développement constant des marchés domestiques, il y a eu ferme élévation du prix, conséquence du déclin de la nécessité d’aller chercher un marché lointain. Plus la population est apte à consommer chez elle une utilité, moindre sera la quantité à expédier au dehors et plus cette population pourra acheter de toutes les autres utilités ; — et cependant les économistes modernes, — visant exclusivement au trafic et négligeant le commerce, — trouvent la plus grande preuve de prospérité dans la quantité dés exportations !

Que devient toute cette subsistance ? Elle est consommée par les gens qui font le drap, bâtissent les maisons et les usines, exploi-