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Où cependant, dans l’Allemagne elle-même, ces effets sont-ils le plus pleinement manifestés ? Dans la contrée où existe le plus grand développement industriel, l’Allemagne centrale. « Dans le nord, dit un écrivain récent, nous voyons une suite monotone de champs de blé ou de pommes de terre, des prairies et de vastes bruyères : c’est la même uniformité de culture que sur les larges surfaces des plateaux du sud, et des pâturages alpestres. Dans l’Allemagne du milieu au contraire, continue-t-il, un court espace vous offrira une perpétuelle variété de culture. La diversité des sols et la variété correspondante dans les espèces de plantes, sont une invitation à diviser les domaines et un encouragement de plus au caractère mélangé de la culture. Dans le premier pays, nous avons terre centralisée, dans l’autre terre décentralisée « distinction, dit le même écrivain, bien représentée par ce fait que le nord et le sud de l’Allemagne possèdent les grandes lignes ferrées qui sont le medium du trafic du monde ; tandis que l’Allemagne du milieu est beaucoup plus riche en lignes pour les communications locales et possède la plus grande longueur de voies ferrées sur une superficie moindre. » L’une est la terre de trafic ; tandis que l’autre est celle du commerce[1].

§ 10. — Le respect pour les droits de la propriété s’accroît à mesure qu’elle se répand plus généralement dans la population.

Les admirables effets du développement de commerce se montrent partout dans le travail de plus en plus allégé, et dans l’amélioration morale physique et intellectuelle du peuple. On donne là moins de temps qu’en Angleterre au simple travail, et plus à une récréation saine et améliorante ; en même temps que les amusements sont d’un caractère supérieur et plus hygiénique. « On peut affirmer, dit M. Kay, que les amusements du pauvre en Allemagne sont d’un caractère plus élevé que ceux de la partie inférieure de la classe moyenne en Angleterre[2]. » Tout le monde à peu près a de l’éducation — le chiffre des jeunes hommes de vingt ans qui ne savent ni lire et écrire, n’est que de deux pour cent. Cinq ou six familles d’ouvriers se cotisent pour avoir un abonnement aux journaux, les

    le fait complètement insouciant sur son amélioration, sur les institutions de son pays, et sur l’assurance contre la pauvreté ; il détruit toute son indépendance de caractère ; il le fait compter sur le Workhouse ou sur la charité qu’il pourra obtenir en mendiant à la grande salle ; et il le rend le plat valet de tout puissant propriétaire. » — Ibid., p. 290.

  1. Rielh : Land und Leute. (Cité dans la Revue de Westminster, juillet 1855.)
  2. Social Condition, etc., vol. I, p. 235.