Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 2.djvu/128

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et que les droits protecteurs, pour opérer conformément à la nature des choses et ne pas trop perturber les relations existantes, ne doivent pas être trop élevés dans le principe. Mais plus le système prit de durée et plus se révéla sa sagesse. L’Autriche lui doit sa magnifique industrie présente et sa prospérité agricole.

« L’industrie de la Prusse eut à souffrir plus que celle d’aucun autre pays des ravages de la guerre de trente ans. Sa principale fabrication, celle des draps, dans la Marche de Brandebourg, fut réduite presque à rien. La plupart des fabricants avait émigré en Saxe, car dès lors même l’importation de marchandises anglaises mettait à bas chaque branche d’industrie. Heureusement pour la Prusse, survinrent à cette époque la révocation de l’édit de Nantes et la persécution des protestants dans le Palatinat et dans l’évêché de Strasbourg.

« Le grand électeur saisit alors d’un coup d’œil ce qu’Élisabeth avait si clairement aperçu. Attirés par lui, grand nombre de fugitifs s’établirent en Prusse — en améliorèrent l’agriculture, y introduisirent par leur habileté plusieurs branches nouvelles d’industrie et firent avancer l’art et la science. Ses successeurs suivirent ses traces, mais aucun d’eux avec plus de zèle que ce roi qui fut plus grand par sa sagesse dans la paix que par ses succès dans la guerre. Il est inutile d’énumérer en détail les mesures sans nombre par lesquelles Frédéric II attira en Prusse une foule de cultivateurs étrangers, par lesquelles il refit ses terres dévastées, encouragea la formation des prairies artificielles, des plantes alimentaires pour le bétail, des légumes, des pommes de terre et du tabac — par lesquelles il améliora l’élève des moutons, du gros bétail, des chevaux, fournit les engrais minéraux, etc., et aida les agriculteurs par du capital et du crédit. Tout en encourageant l’agriculture par ces moyens divers, il lui rendit indirectement un service encore plus important en faisant éclore les manufactures domestiques sous un système protecteur, établi dans cette vue ; en facilitant les transports, et par l’institution d’une banque de crédit foncier. Par ces mesures et d’autres du même genre, il communiqua une impulsion plus puissante au progrès de l’industrie en Prusse que n’en ressentit aucune autre partie de l’Allemagne.

« Le blocus continental de Napoléon, vint former une ère nouvelle dans l’histoire de l’industrie de l’Allemagne aussi bien que