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des hauts-fourneaux étrangers ; or, chaque accroissement dans la nécessité de dépendre de l’armateur et du trafiquant est suivi de déclin dans la quote part du produit qui incombe à son producteur. L’homme qui doit aller à un marché doit payer le coût de voyage, n’importe quelle forme puisse prendre ce coût ; et du moment que les usines de l’Allemagne et ses fermiers furent forcés d’aller chercher au dehors un marché pour quelque partie de leurs produits, bien que petite, le prix obtenu pour cette petite quantité détermina le prix de celle de la quantité beaucoup plus considérable consommée à l’intérieur. Le trafiquant réalisa des profits, parce qu’une plus grande demande se fit pour les services qu’il désirait rendre. L’armateur profita, parce qu’il y eut demande pour des vaisseaux. Le fonctionnaire public profita, parce que cela lui donna plus de subsistances pour moins d’argent. Le rentier profita, parce que son cinq pour cent acheta plus de nourriture et d’habillement que dix n’avaient fait auparavant. Le propriétaire foncier souffrit, car il ne recevait plus qu’une faible rente ; et l’ouvrier souffrit, car il ne trouvait pas à rendre ses services. La circulation du travail et de ses produits cessa presque entièrement, et la cessation amena déclin de pouvoir dans les individus et dans les sociétés dont ils faisaient partie.

L’état de choses qui s’était produit ainsi et qui avait fait de la paix une calamité plus grande que la guerre dont on avait été affligé précédemment, conduisit nécessairement à une enquête sur les causes — et à une étude du grand livre d’économie politique, la Richesse des Nations. À chaque page du livre, les lecteurs rencontrèrent l’évidence des avantages supérieurs du commerce sur le trafic ; et de la nécessité absolue d’avoir commerce domestique, s’ils voulaient avoir commerce au dehors. « Le grand commerce de toute nation civilisée », leur disait-on, est celui qui se pratique entre les habitants de la ville et ceux de la campagne, — consistant « dans l’échange des produits bruts contre les produits manufacturés. » Mais ce commerce, ils ne pouvaient l’avoir, car leurs usines s’étaient fermées, et leurs artisans avaient été renvoyés au travail rural.— De plus, ayant trouvé là « que le blé qui croît dans le rayon d’un mille de la ville se vend le même prix que celui qui vient d’une distance de vingt mille », que le dernier « doit payer les frais de culture et de transport au marché », et que le gain du fer-