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dissipe de nouveau dans l’atmosphère sous la forme de transpiration, tandis qu’une autre est rejetée sous la forme de matière excrémentielle, et prête à entrer instantanément dans la composition de nouvelles formes végétales. La puissance d’association existe ainsi partout dans le monde matériel, en raison de l’individualisation. C’est ainsi également qu’il en a été partout à l’égard de l’homme, et le développement de l’individualité a été, en tout temps et dans tous les pays, en raison de son pouvoir d’obéir à cette loi primitive de la nature qui impose la nécessité de s’associer avec ses semblables.

Ce pouvoir ainsi qu’on l’a déjà vu, a toujours existé en raison directe de l’équilibre des forces centralisatrices et décentralisatrices ; là où cette action s’est trouvée le plus développée, nous devons trouver le plus d’individualité, et l’on peut démontrer facilement que les choses se sont passées ainsi. Dans aucun pays du monde l’individualité n’a existé à un aussi haut degré qu’en Grèce, dans la période immédiatement antérieure à l’invasion de Xerxès ; et c’est alors, et dans ce pays, que nous le trouvons à son plus haut point de développement. C’est aux hommes que produisit cette période que le siècle de Périclès doit son illustration. La destruction d’Athènes par les armées des Perses amena la transformation des citoyens en soldats, avec une tendance constante à l’accroissement de la centralisation et à l’affaiblissement du pouvoir de s’associer volontairement et de l’individualité, jusqu’au moment où l’on trouve l’esclave seul cultivant le territoire de l’Attique, les citoyens libres de la première période ayant complètement disparu. Il en fut encore de même en Italie où l’on trouvait l’individualité la plus puissante, à l’époque où la Campanie était couverte de nombreuses villes. Par suite de leur déclin, la grande ville se remplit de pauvres et devint la capitale d’un territoire cultivé par des esclaves. Il en est de même encore en Orient, où la société est partagée en deux grandes classes, l’une composée d’individus qui travaillent et sont esclaves, et l’autre qui vit de ce travail des individus esclaves. Entre deux classes semblables il ne peut exister aucune association, parce qu’il manque entre eux cette différence de travaux nécessaire pour produire un échange de services. La chaîne de la société éprouvant alors une interruption dans les anneaux qui la relient, il n’existe aucun mouvement entre les diverses parties,