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ditions à la population, qui consistent dans la simple force brutale nécessaire pour servir les desseins des individus qui vivent de l’application de leur pouvoir d’appropriation ; et que chaque jour révèle une nécessité croissante de conquérir de nouveaux champs d’opération pour remplacer le Portugal ruiné, la Turquie presque anéantie, l’Irlande épuisée, et les Indes-Orientales et l’Amérique aujourd’hui agonisantes.

Dans tous les cas de civilisation en progrès, que nous avons déjà livrés à l’examen du lecteur, les faits ont été identiques. Dans tous ceux de civilisation en déclin les preuves de ce déclin même sont exactement semblables. Dans tous, on voit l’absentéisme et l’excès de population croissant dans une proportion exacte et réciproque. Dans tous, les accumulations du passé acquièrent un empire plus considérable sur les travaux du présent[1]. Dans tous, la proportion des membres de la société engagés dans l’œuvre de simple appropriation, est constamment croissante. Dans tous, on voit la société, quittant la forme magnifique et indestructible de la véritable pyramide pour celle de la pyramide renversée. S’en suivra-t-il que dans tous les cas le résultat aura été le même ? Notre seule réponse à cette question sera, que la prospérité d’une société basée sur le trafic, s’est toujours trouvée instable ; qu’on a toujours constaté que ses fondements ne reposaient « que sur la poussière d’or et sur le sable, » et qu’il n’existe aucun motif pour croire que ce qui a été toujours vrai, dans le passé, puisse ne pas être vrai dans le présent, ou se trouver faux dans l’avenir.

§ 4. — Nécessité d’étudier avec soin le système qui a donné naissance à la théorie de l’excès de population.

Comme la théorie de l’excès de population est née en Angleterre, et que c’est là également qu’a pris sa source la théorie de M. Ricardo, relative à l’occupation de la terre, sur laquelle elle s’appuie, nous avons regardé comme juste et convenable d’étudier avec soin le système anglais, dans le but de constater jusqu’à quel point la politique particulière que l’on a essayé d’établir, a tendu à produire

  1. Voy. antérieurement, Chap, xvii, § 4, p. 482, relativement à cette assertion « que l’ouvrier doit d’être employé, à tout événement, aux pertes que subit celui qui l’emploie. » L’effet de ce système erroné, pour pervertir les idées, n’a jamais été démontré d’une façon plus évidente que dans le document auquel nous avons emprunté cette citation. Le raisonnement tout entier, en ce qui concerne le rapport entre le chef d’industrie et l’ouvrier, est précisément le même que nous trouvons dans les journaux de la Caroline ; et cependant, ce document a été publié par ordre de la Chambre des communes d’Angleterre.