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produits grossiers de la terre et ceux des produits achevés, tendent constamment à s’équilibrer de plus en plus, en même temps qu’il y a constante augmentation dans la puissance productive du travail et dans la part proportionnelle du travailleur sur l’augmentation du produit, et diminution constante dans la part restante pour les individus qui se placent entre ceux qui produisent et ceux qui ont besoin de consommer. Dans le dernier, ces prix tendent à s’éloigner l’un de l’autre, en même temps qu’il y a diminution, et dans la puissance productive, et dans la part du travailleur sur le produit diminué.

Dans le premier cas, le travail actuel obtient un accroissement constant de pouvoir sur les accumulations du passé. Dans le dernier, les accumulations du passé obtiennent un pouvoir plus grand sur le travail actuel.

Dans le premier cas, les forces de la nature se concentrent dans l’homme, dont la valeur augmente d’année en année, et qui, de jour en jour, devient plus libre. Dans le dernier, la nature acquiert du pouvoir sur l’homme, dont la valeur diminue chaque jour à mesure qu’il devient de plus en plus asservi.

Dans le premier cas, la circulation est rapide, en même temps qu’il y a tendance constante à ce que la société revête la forme où la force et la beauté se combinent le plus parfaitement, celle d’un cône ou d’une pyramide. Dans le dernier, la circulation devient de jour en jour plus languissante, et la société tend à revêtir la forme la moins compatible avec la force et la beauté, celle d’une pyramide renversée.

§ 3. — Phénomènes sociaux qui se manifestent dans les histoires de la Grèce, de l’Italie, de l’Angleterre, de la Turquie, du Portugal et des colonies anglaises

Si nous portons nos regards vers la Grèce au temps de Solon, nous y observons la première catégorie de phénomènes que nous avons décrits plus haut, à savoir : une rapide circulation dans le mouvement de la société, accompagnée de la division de la terre, de la création de centres locaux, d’un accroissement constant de la puissance d’association, d’un développement prodigieux de la puissance intellectuelle et de l’affranchissement de l’individu. Si nous la considérons ensuite à l’époque de Périclès et de ses successeurs, nous voyons la circulation devenir plus languissante, la terre s’immobiliser, les centres locaux diminuer d’importance, en même temps qu’une grande ville centrale s’élève sur leurs ruines, que la demande des facultés intellectuelles diminue,