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Dans de telles circonstances, il arrive que le Parlement se trouve assiégé par des individus qui sollicitent un chemin de fer, ou d’autres privilèges, dont la concession ne peut s’obtenir qu’à l’aide d’une habileté et d’artifices consommés, grâce à la possession desquels des agents amassent aujourd’hui d’immenses fortunes ; de telle façon que le système des intermédiaires, qui suit constamment le déclin des centres locaux, s’étend ainsi aux affaires de législation. Jusqu’à ce jour, les dépenses préliminaires de la construction des chemins se sont élevées, dit-on, à plus de 100 millions de dollars (500 millions de francs), et l’on peut constater le résultat du système dans l’établissement de puissantes associations « versées dans tous les détours des salles de commissions, et possédant des fonds et des moyens d’influence suffisants pour tous les cas de contestation, qui les rendent pleinement maîtres des terres et des biens, des individus seulement respectables et paisibles et n’ayant que des moyens limités. Car, chercher dix-neuf individus sur vingt, pour s’opposer à une telle corporation dans les litiges si coûteux du Parlement, « c’est là, nous dit-on, une chose complètement inutile, la balance même du droit, ainsi que l’ajoute l’auteur, étant aussi réellement entravée que si dame Justice elle-même n’avait plus les yeux bandés et la faisait pencher suivant le salaire le plus considérable[1]. »

Tandis que l’Inde ou l’Irlande, le Canada ou l’Australie, obtiennent avec peine d’être entendus, les affaires strictement locales sont presque entièrement négligées. Il arrive, conséquemment, que la direction des affaires du pays passe peu à peu sous l’autorité des commissions qui sont créées chaque année, remplaçant les autorités locales qui géraient ces affaires antérieurement[2]. La centralisa-

    les mystères de la Compagnie du Dock de Puddle contre Jenkins, relativement à l’extrémité supérieure d’un champ d’une contenance de deux acres, à découvrir les commentaires qui les égareraient, relativement au détour d’une route, à la hauteur d’un pont, ou la chute d’eau relative à un drainage ; et alors il nous faut attendre qu’ils s’occupent immédiatement de prendre des décisions équitables sur notre administration coloniale, sur le gouvernement de l’Inde, sur la conservation de nos principes constitutionnels, ou la politique générale de l’Europe. » (Westminster Review. 1854. Article Réforme constitutionnelle.)

  1. Westminster Review. Janvier 1854.
  2. « La terre de vingt voisins a besoin d’un drainage commun ou d’une route commune. Rien ne peut faire opérer cette amélioration qu’un acte du Parlement qu’il faut obtenir à grands frais, et à trois cents milles du lieu où elle doit s’effectuer.