qui produisaient le coton et le riz, pouvaient autrefois les échanger directement avec leurs voisins qui les transformaient en toile ; et tous pouvaient consacrer la totalité de leur temps à produire la laine et les subsistances, d’une part, et, d’autre part, la toile. Maintenant, tous sont obligés d’expédier ou de transporter leur riz et leur laine dans un lieu éloigné de leur demeure de 15 milliers de milles, et d’accomplir ces travaux à l’aide de bœufs, de chevaux, de navires, de barques naviguant sur des canaux, et d’autres instruments ; d’où il suit que la part proportionnelle du travail, consacrée au transport et à la transformation des matières, s’est accrue considérablement, tandis que celle consacrée à la production, a décru aussi invariablement. On peut constater le résultat dans ce fait, qu’après avoir anéanti les manufactures indiennes, la quantité totale de coton fournie aujourd’hui à l’Angleterre ne dépasse pas celle qui pourrait être transformée dans une petite ville ne renfermant que 20.000 ouvriers. Il en a été de même en Irlande, où il fallait consacrer une proportion si considérable de travail à changer de lieu les choses et les hommes, qu’il n’en restait guère à appliquer à la production ; et il se trouve que plus on s’était assuré complètement le marché pour les produits des manufactures anglaises, plus le marché avait, de jour en jour, perdu de sa valeur[1]. Pareille chose s’est passée à la Jamaïque, en Portugal et en
- ↑ La possibilité, pour l’Irlande, de payer les produits des manufactures anglaises
dépend de son pouvoir de fournir ceux avec lesquels elle devra les payer. On verra
combien le chiffre de ceux-ci est devenu complétement insignifiant, par le tableau
suivant des exportations pour l’année expirant le 5 janvier 1854 :
Bœufs, nombre. 180.785 Veaux, nombre. 5.281 Moutons, nombre. 224.550 Porcs, nombre. 101.396 Froment, quarters 76.495 Avoine, quarters 1.552.917 Lard et jambon, quintaux 530 Bœuf et porc (salé), barils. 472 Beurre, quintaux. 17.944 De la valeur de ce total insignifiant d’exportation, il a fallu déduire la somme à payer, nécessairement, aux propriétaires du sol, absents, et au gouvernement ; et il semble difficile d’imaginer comment il resterait alors quelque chose qui pût s’appliquer au paiement des articles nécessaires à la consommation.