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CHAPITRE XVII.

CONTINUATION DU MÊME SUJET.

§ 1. — Erreurs du système anglais, évidentes pour Adam Smith. Avertissements qu’il donne à ses compatriotes relativement aux dangers inséparables de leur dépendance exclusive à l’égard du trafic.

La Richesse des nations fut publiée pour la première fois en 1776 ; et le but principal de l’auteur avait été de forcer ses compatriotes à prendre en considération cette grande vérité, que le trafic et les manufactures n’étaient utiles, uniquement, qu’autant qu’ils contribuaient au progrès de l’agriculture, au développement des trésors de la terre et à l’encouragement du commerce. La tendance du système colonial s’opposait positivement, suivant son opinion, à ce qu’aucun de ces effets se produisit, puisqu’en empêchant les colons d’appliquer leurs travaux à une « fabrication plus raffinée, » en les restreignant à la fabrication de produits « grossiers et de ménage, de ceux dont se sert habituellement une famille en son particulier et pour son propre usage, » ce système tendait assurément à augmenter la quantité de matières premières expédiées en Angleterre, et décourageait ainsi l’agriculture anglaise. Ce résultat était précisément celui que cherchaient à obtenir le trafiquant et le manufacturier ; plus les matières premières étaient à bon marché au dehors, plus le prix demandé par le premier, pour le fret, était élevé, et plus étaient considérables les bénéfices du second.

Quant à ce fait que le système tendait à créer un marché pour les subsistances, le fermier anglais trouvait un profit ; mais en ce qui concernait tous les autres produits bruts, il avait gravement à souffrir de ce que Smith appelait « la rapacité sordide, l’esprit de monopole des marchands et des manufacturiers », de cette classe d’indi-