Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 1.djvu/496

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Période de dix années
expirant.
Prix. Exportation,
moyenne.
En 1725 1 Liv. st. 15 schell. 4 pence.     124.000 quarters.
En 1735 1 Liv. st. 15 schell. 2 pence. 176.000
En 1745 1 Liv. st. 12 schell. 1 penny. 276.000
En 1755 1 Liv. st.   1 schell. 2 pence. 446,000

Au bas prix de 21 schell. 2 pence, les fermiers de l’Angleterre obtenaient un marché au dehors pour moins de 4 millions de boisseaux, leur rapportant à peine 2 millions de dollars par an. Le produit total du froment, en Angleterre, à cette dernière époque, doit avoir été de plus de 40 millions de boisseaux ; et comme cette espèce de céréale entrait alors pour une faible part dans la consommation, comparativement à ce qui a eu lieu depuis, il serait peut-être juste de considérer la production totale des subsistances comme équivalente à 100 millions de boisseaux. Sur ce total, environ 4 pour cent constituaient l’excédant jeté sur les marchés régulateurs du globe à cette époque : excédant qui y faisait baisser les prix, et, dans une proportion correspondante, faisait baisser également ceux obtenus pour toute la quantité produite, au détriment de la terre et du travail du royaume, au détriment de l’artisan et de tous, excepté de ceux qui dépendaient pour leur entretien de revenus fixes.

La population de l’Angleterre ne s’élevait à cette époque qu’à six millions ; sur lesquels les propriétaires du sol — alors au nombre d’environ deux cent mille, — et leurs familles doivent avoir formé à peu près le sixième, soit le chiffre d’un million. En y ajoutant les ouvriers agricoles, nous avons une proportion considérable de la société qui dépend des résultats de l’agriculture. L’artisan, toutefois, était intéressé à la prospérité de la classe des fermiers ; en effet, s’ils pouvaient vendre à de bons prix, ils pouvaient acheter les produits de son talent et de son travail. Plus était instante la demande de subsistances et de laine, plus augmentait, pour l’ouvrier agricole, la possibilité d’acheter du drap, et pour le propriétaire de la terre celle d’effectuer des améliorations sur sa propriété, dans le but de produire des quantités plus considérables de subsistances et de laine. Ce qu’il fallait alors à l’Angleterre, c’était, à l’intérieur, le mouvement actif direct entre le producteur et le consommateur, — c’est-à-dire le commerce, — à l’aide duquel ses fermiers pussent s’affranchir de la domination du trafic. En l’absence de ce mouve-