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L’auteur regardant la fabrication du fer comme la première en importance, après celle de la toile, s’exprime en ces termes : « Considérez combien de forges sont abandonnées dans le comté de Kent, le Sussex et le Surrey ; et combien un plus grand nombre doit l’être encore. La raison en est que le fer qui vient de Suède et d’Espagne arrive à si bas prix qu’on ne peut, ici, en tirer aucun bénéfice. »

« Je vous ai démontré maintenant que les deux fabriques de toile et de fer, avec leur produit, ainsi que toutes les matières premières, sont chez nous en voie d’accroissement, et ces deux fabriques, si elles sont protégées par la loi, feront travailler tous les pauvres d’Angleterre, enrichiront considérablement le pays, et feront rester le peuple dans le royaume, qu’ils abandonnent aujourd’hui (oui, honnête André, et aujourd’hui encore ils l’abandonnent) et dépouilleront ainsi les Hollandais de ces deux grandes fabrications du fer et de la toile. Je veux parler du fer, fabriqué, sous la forme de produits de toute espèce et dont on apporte des quantités si considérables en Hollande, en descendant le Rhin, de Liège, de Gluke et Soley et de Cologne, répandues et expédiées par les Hollandais dans le monde entier. Et ces deux industries étant fixées ici aideront à vaincre ce peuple sans combat. Considérez, je vous prie, la charge que les pauvres imposent aujourd’hui à l’Angleterre, et observez ce qu’ils coûtent aujourd’hui à la nation ; mais si on les emploie dans ces deux manufactures, quelle augmentation de revenu pourrait en résulter pour elle ! Admettez qu’il y ait, en Angleterre et dans le pays de Galles, huit cent mille individus sans ouvrage, et que chacun d’eux coûte à la nation quatre pence par jour pour sa nourriture ; s’ils étaient occupés, ils gagneraient, quotidiennement, huit pence ; de cette façon le public, en considérant ce qui peut être gagné et épargné, avancera douze pence, chaque jour, pour chaque individu pauvre, aujourd’hui sans ouvrage. Ainsi huit cent mille individus produiront un bénéfice au public, si on les occupe, d’un million et demi, chaque année, dans ces deux fabriques de fer et de toile. Et de la manière dont ces deux industries sont aujourd’hui organisées en Saxe, elles font travailler tous les pauvres de ce pays. En parcourant la Saxe dans tous les sens, je n’y ai pas aperçu un seul mendiant, et ces deux manufactures