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de l’association avec ses semblables, de mettre des bornes à la puissance de ceux qui l’oppriment. Le premier, ainsi que nous le voyons, s’est partout approprié de vastes portions de terre, forçant le second de les cultiver à son profit, et exigeant que celui-ci employât non-seulement sa terre, mais encore ses moulins et ses machines de toute espèce, toutes les fois qu’il voulait faire subir à la matière des changements de lieu ou de forme.

A certaines époques, le premier a composé avec ceux qui lui payaient l’impôt, moyennant certaines portions du produit de la terre, prélevant parfois les trois quarts, les deux tiers ou la moitié ; mais alors même il a généralement exigé que, lorsqu’ils auraient besoin de convertir leur blé en farine, ils lui fournissent une redevance en échange de ce privilège ; qu’une autre taxe lui fût allouée lorsqu’ils voudraient convertir la farine en pain, et une autre encore lorsqu’ils voudraient échanger avec leurs voisins, leur pain ou leur blé contre d’autres denrées nécessaires à leur usage. S’ils voulaient transformer leur laine en drap, ils étaient obligés d’acheter ce privilège sous la forme d’excise, ou d’autres droits. Si la population de la ville et de la campagne cherchait à entretenir le commerce, elle devait payer la permission de le faire sous la forme de droits d’octroi, comme en France ; ou, si, comme en Espagne, elle voulait accomplir un échange quelconque, ceux qui percevaient les droits du gouvernement, réclamaient un dixième sur toute transmission de propriété, sous le nom d’alcavala. Le droit de travailler était considéré comme un privilège dont l’exercice exigeait une patente qui devait s’acheter à un prix onéreux. Sous toutes les formes, le petit nombre d’individus qui étaient forts et pouvaient vivre en vertu de l’exercice de leur puissance d’appropriation, a cherché à empêcher le grand nombre, qui, pris individuellement, était faible, d’associer ses efforts à d’autres conditions que celles qu’ils dictaient eux-mêmes. L’esclavage a existé sous des formes variées, plus ou moins oppressives, à diverses époques ; mais, en toute circonstance, il est résulté des efforts de ceux qui étaient vigoureux de corps et d’esprit, pour dépouiller ceux qui étaient faibles du pouvoir de décider au profit de qui ils travailleraient, ou quelle serait leur rémunération, et d’empêcher ainsi le développement du commerce.

A mesure que la population a augmenté, les hommes sont deve-