Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 1.djvu/476

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

peut être développée qu’au moyen de l’association et du concert des efforts actifs entre les individus. Isolé, l’homme se trouve incapable de faire le premier pas, le plus difficile de tous, celui qui sert de prélude à des pas nouveaux et plus importants qui le suivraient infailliblement. C’est la population qui fait surgir les subsistances des sols fertiles de la terre, et communique l’utilité à toute la matière dont elle se compose, en même temps qu’elle produit une diminution constante dans la valeur de toutes les denrées nécessaires pour les besoins de l’homme, et un accroissement constant dans la valeur de celui-ci. La dépopulation, au contraire, — en forçant d’avoir recours aux sols plus ingrats, — dépouille de son utilité la matière qui entoure l’homme de toute part, en même temps qu’elle produit une diminution constante dans la valeur qui lui est propre, et dans son pouvoir de se procurer des aliments, des vêtements, ou autres choses nécessaires à la vie.

Il en est de même à l’égard de l’intelligence. L’accroissement de population, mettant en activité toutes les diverses facultés de l’homme, chaque individu trouve la place qui lui convient véritablement, en même temps qu’il y a accroissement constant du commerce. La dépopulation, au contraire, forçant tous les individus à rétrograder pour chercher leurs moyens de subsistance, substitue à l’intelligence la simple force brutale, et amène constamment la diminution du commerce. Pour que le commerce existe, il faut qu’il y ait différence de travaux, et plus cette différence est considérable, plus la circulation doit être rapide, et plus le commerce doit être développé.

Le poids d’une société quelconque tend à un accroissement rapide, toute augmentation dans sa population étant suivie d’une augmentation correspondante dans le développement des facultés latentes des individus dont elle se compose. Le mouvement d’une société tend pareillement à s’accroître dans une proportion constamment plus rapide, tout accroissement d’individualité étant suivi d’un accroissement correspondant dans la puissance d’association et dans la continuité d’action. La quantité de mouvement étant la vitesse multipliée par le poids, et ces deux derniers tendant à une accélération constante dans le degré d’accroissement, nous pouvons, dès lors, comprendre sans peine pour-