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ont dû être des inventions très-étonnantes ; et à tel point qu’elles ont suffi au monde pendant plusieurs siècles. Plus tard vint le métier à filer, et aujourd’hui la force de la vapeur a été substituée à celle de la main de l’homme, avec un accroissement immense de produit. Et cependant ce n’a été là que le premier pas fait dans cette voie ; depuis cette époque, on a pu, à l’aide de la vapeur, non-seulement tisser la toile, mais la revêtir des couleurs et des dessins les plus variés. D’année en année, nous assistons à de nouveaux perfectionnements dont chacun, quel qu’il soit, dépasse en importance ceux dont nous sommes redevables aux dix siècles qui précèdent le commencement du xviiie. La quantité de toile qui est, aujourd’hui, le fruit du travail d’une demi-douzaine de femmes, est plus considérable que celle qu’on eût pu obtenir, il y a un siècle, du travail de cent individus. Il y a cinquante ans, chaque morceau de fer en barres exigeait, pour sa production, l’intervention constante de la force d’individus travaillant les bras armés de marteaux, et obligés à chaque coup de soulever l’instrument, ce qui entraînait une énorme perte de puissance. Arrivé à savoir que le fer pouvait se laminer, et à l’aide de la vapeur, l’homme acquit la faculté de disposer d’une grande force naturelle, avec le secours de laquelle ses travaux devinrent moins continus et plus efficaces, en même temps que devinrent moins considérables les demandes faites à ses propres forces. Le fer étant plus facile à se procurer, rendit plus facile l’acquisition de nouvelles quantité de houille et de minerai ferrugineux ; et ceux-ci, à leur tour, rendirent le même service, en fournissant des moyens mécaniques de tout genre, depuis le petit instrument qui sert à fabriquer des épingles et des aiguilles, jusqu’à la puissante machine à vapeur qui draine la mine, ou sert de moteur au moulin.

Le pouvoir de diriger les forces de la nature constitue la richesse. Plus la richesse est considérable, plus est faible la proportion des travaux de l’homme, nécessaire pour effectuer les changements chimiques ou mécaniques dans les formes de la matière, et plus est considérable la proportion de ces mêmes travaux que l’on peut consacrer à l’accomplissement des changements vitaux, à l’aide desquels on obtient une quantité plus considérable des choses à transformer. Le moulin, grâce auquel l’eau, le vent ou la vapeur peuvent désormais accomplir le travail qu’exécutaient les bras au-