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donnant l’individu qui le produit au cœur de l’Inde, pour arriver au voisin immédiat du producteur, — et même à sa propre femme et à ses enfants, — par la route, faisant de nombreux circuits, de Calcutta, de Bombay et de Manchester ; système qui entraîne l’emploi des bœufs, des chariots, des navires et des wagons de chemins de fer, avec une augmentation constante dans la part proportionnelle du travail de la société nécessaire pour effectuer les changements de lieu, et la diminution de celle que l’on peut consacrer à accroître la quantité de produits susceptibles d’être transformés ou échangés. Plus on fera de chemins de fer dans l’Inde, plus sera faible la demande de travail et moins sera élevé le prix du coton[1]. Plus se développera la tendance des Indiens à abandonner leurs femmes et leurs enfants et à émigrer sur les plantations sucrières de l’île Maurice pour y chercher des moyens d’existence, plus doit diminuer la puissance d’association et moins doit être prononcée la tendance au développement de l’individualité au sein de la population.

Le Mexique a décliné constamment depuis le moment où le trafic avec ce pays est devenu plus libre pour le monde. Si nous voulons trouver la cause de sa décadence et de sa dissolution imminente, nous devons la chercher dans ce fait, que ses manufactures ont presque complètement cessé d’exister, que l’individualité s’est amoindrie et que le trafic a remplacé le commerce. Dans l’Amérique espagnole, en général, les mêmes phénomènes se sont présentés, le travail exigé pour le transport augmentant dans une proportion constante, et le travail consacré à la production diminuant, avec une diminution constante dans la puissance productrice du sol pour récompenser le travail, et diminution dans le pouvoir de l’individu pour soumettre à la culture les terrains plus riches. L’Italie, la Grèce, l’Afrique, le Brésil et les îles si fertiles de l’Océan Indien sont placés dans une situation analogue, faisant peu de commerce entre eux et forcés de dépendre presque exclusivement du trafic avec des pays éloignés. Les souffrances de la population des îles Ioniennes sont aussi fréquentes que les famines chez les

  1. M. Chapman donne des tableaux, d’où il résulte qu’en même temps que la réduction dans le prix de transport du coton, du lieu de production dans l’Inde, n’a été que de sept pence par livre, la réduction en Angleterre, a été de dix pence ; ce qui démontre que la rémunération afférente à la culture de la terre et au travail, en ce pays, a baissé considérablement, avec la substitution du trafic, au commerce qui existait antérieurement. (Du coton et du commerce de l’Inde, p. 77).