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d’hui, et ils s’y attachaient encore plus fermement que dans les temps modernes ; le commerce qu’on entretenait alors avec eux était estimé comme la portion la plus importante de celui de l’Europe occidentale. Les Maures éclairés du midi de l’Espagne avaient la même croyance que celle des peuples habitant encore aujourd’hui les rivages de l’Hellespont ; mais il n’y existait, à notre connaissance, aucun obstacle à la civilisation. Les Portugais ne sont pas plus catholiques que ne l’étaient leurs devanciers qui conclurent le traité de Methuen, et dont le commerce était regardé comme si important. Les Portugais, ainsi que les Irlandais, avaient la même croyance que les Français, parmi lesquels l’agriculture et l’industrie font maintenant de si rapides progrès, et chez lesquels l’individualité se développe à un si haut degré. Les nègres importés à la Jamaïque n’étaient pas plus barbares que ne l’étaient ceux admis dans la Virginie et la Caroline, et cependant, tandis que chacun de ces derniers est représenté par sept de ses descendants, les colonies britanniques n’en offrent aux regards que deux, pour cinq introduits autrefois dans le pays. Les raisons que nous venons d’exposer ne rendant pas compte de l’état de choses retracé par nous, il faut chercher ailleurs les causes de son existence.

Différentes de croyance religieuse, de couleur, de degrés de latitude et de longitude, ces sociétés sont semblables seulement sous ce rapport, qu’elles ont été dépouillées du pouvoir de diversifier les travaux de leurs membres, de manière à développer leurs diverses individualités et à les rendre ainsi, propres à cette association sans laquelle l’homme ne peut obtenir le pouvoir de commander les services de la nature. Bornées entièrement à l’agriculture, elles ont été forcées d’en exporter les produits à leur état le plus grossier ; procédé qui implique l’épuisement du sol sur lequel elles doivent compter pour leur entretien, avec une diminution constante dans la rémunération des efforts humains. Sous l’empire de pareilles circonstances, le commerce dut nécessairement décliner, et la puissance du trafiquant et de celui qui transporte les produits, devaient s’accroître aussi inévitablement, tandis que le cultivateur deviendrait, de plus en plus, un pur instrument entre les mains de ceux qui vivaient uniquement de leur puissance d’appropriation. Il est évident que c’est là ce qu’il fait dans tous ces pays ; et l’on ne peut mettre en doute, un seul instant, que ce sont là les