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une atteinte dont il n’est pas probable qu’elle se relève jamais[1]. »

« De Smyrne à Canton, de Madras à Samarcande, dit ailleurs le même écrivain, nous supplantons les producteurs indigènes, » et, conséquemment, nous annihilons cette puissance d’association qui permet à l’homme de commander les services de la nature et de passer de l’état d’esclavage à l’état de liberté.

Le capital augmente toujours à mesure que le salaire devient plus élevé, et diminue à mesure que le salaire baisse. Le salaire hausse toujours en même temps que diminue la nécessité d’effectuer des changements de lieu, et baisse toujours à mesure que celle-ci augmente. Les mesures auxquelles on a eu recours pour détruire les manufactures de l’Inde, avaient pour but d’accroître cette nécessité de la part de l’Indien producteur de subsistances et de coton, et de lui infliger un impôt plus dur que tout autre qu’on eût pu inventer, et de le diminuer de la part du producteur de subsistances anglais, et de l’affranchir ainsi de l’impôt auquel il avait été soumis antérieurement ; et l’on peut constater le résultat de cet état de choses par la hausse du salaire et l’accumulation rapide du capital chez le dernier, aussi bien que par la baisse du salaire et la disparition du capital chez le premier. Lors donc que M. Mac Culloch, en énumérant ainsi les causes du changement qui a eu lieu, omet d’ajouter cette autre cause, l’exercice de la puissance par les forts à l’égard des faibles, de la puissance des trafiquants associés sur les individus disséminés qui veulent entretenir le commerce, il passe sous silence le plus important de tous les éléments du calcul. L’Hindou était aussi capable que l’Anglais d’appliquer les machines d’Arkwright, et si le peuple d’Angleterre et celui de l’Inde n’eussent formé qu’un seul peuple, si leurs droits eussent été considérés comme égaux, ces machines seraient arrivées jusqu’aux champs de coton de l’Inde, permettant aux membres de sa population de s’associer encore plus étroitement, de combiner plus intimement leurs opérations, de développer d’une façon plus complète, leurs facultés individuelles, et d’entretenir encore sur une plus grande échelle le commerce intérieur et extérieur. Sous l’empire de pareilles circonstances, l’Inde aujourd’hui présenterait le spectacle de la plus haute prospérité ; à sa place, nous ne ren-

  1. Mac Culloch. Dictionnaire du Commerce, article Calcutta.