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voisin, sous la forme de tissu anglais, pour couvrir ses reins.

Le fer, grâce auquel la population pouvait améliorer ses procédés de culture et d’industrie, a peu de tendance à se porter vers l’Inde ; la moyenne de l’importation dans ce pays, en 1845 et 1846, n’a été que de 13.000 tonneaux, représentant une valeur de 160.000 liv. sterl., soit environ la valeur de 2 pence par cinq individus. On s’efforce aujourd’hui de construire des chemins de fer ; mais l’objet qu’on se propose en cette circonstance, c’est de continuer le système de centralisation et de détruire encore plus efficacement la puissance d’association ; en effet, on cherche ainsi à anéantir ce qui reste encore de l’industrie manufacturière indigène, et de cette façon à faire baisser le prix du coton. Malgré toutes les améliorations apportées dans le transport de cette denrée, le malheureux cultivateur qui la produit, obtient en échange moins qu’il y a trente ans ; et le résultat d’un nouveau progrès ne peut être que d’amener une réduction encore plus considérable, et de rendre encore plus déplorable la condition des individus qui produisent les subsistances et le coton. Jusqu’à présent, la faculté d’association continue à subsister dans le Punjab ; mais comme on se propose d’y tenir de grandes foires pour la vente des produits des manufactures anglaises, le jour ne peut être éloigné où la situation des nouvelles provinces deviendra semblable à celle des anciennes, aucun effort n’étant épargné pour mettre en œuvre le système qui a pour but de confiner toute la population dans les travaux agricoles et de la forcer à épuiser son sol. Il est nécessaire, dit M. Chapman, le grand avocat des chemins de fer dans l’Inde, que la relation « entre le producteur Indien et le filateur Anglais » devienne plus intime « et plus l’Anglais deviendra capable de dépasser la demande à l’intérieur, plus l’agriculteur indigène sentira fortement que son succès personnel dépend de ce fait, d’assurer et d’améliorer ses relations avec l’Angleterre, » c’est-à-dire plus le commerce peut être anéanti, et plus on peut empêcher les indigènes d’associer leurs efforts, plus augmentera, suivant l’opinion de M. Chapman, la prospérité de l’Inde. La centralisation a appauvri et dépeuplé, dans une proportion considérable, ce pays. Mais son œuvre n’est pas cependant achevée. Il reste encore à réduire la population du Punjab, de l’Afghanistan et du pays des Birmans à la même condition que la population du Bengale.