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machines ; et que, par ce moyen, elle les empêchait systématiquement de conquérir la domination sur les grandes forces de la nature, elle frappait, en même temps, de droits onéreux le produit des métiers indiens reçu en Angleterre. Le jour n’était pas éloigné où cette protection devait disparaître. La Compagnie, disait-on, n’exportait pas, dans des proportions assez considérables, les produits et de l’industrie britannique ; et, en 1813, le trafic pour l’Inde, fut laissé libre, mais les mesures restrictives sur l’exportation des machines et des artisans furent maintenues en pleine vigueur ; et c’est ainsi que la population pauvre et ignorante de ce pays se trouva soumise à la concurrence d’une société possédant des machines bien plus puissantes que les siennes, tandis que la loi lui enlevait non-seulement la faculté d’acheter des machines, mais encore le pouvoir de lutter sur le marché anglais avec les métiers anglais. Et, de plus, tout métier à tisser dans l’Inde, et toute machine que l’on calculait pouvoir aider le travailleur, étaient sujets à une taxe dont le taux augmentait avec chaque accroissement dans l’industrie de leur possesseur, et qui, généralement, absorbait tous les profits résultant de leur usage[1]. Telles étaient les circonstances au

  1. L’humble pétition suivante des malheureux indigènes montre dans tout son jour le caractère du système :
    Calcutta, 1er  septembre 1831.

    Aux Très-Honorables Lords du conseil privé de Sa Majesté pour le trafic, etc.

    L’humble pétition des soussignés, manufacturiers et négociants en étoffes de coton et de soie des fabriques du Bengale,

    Expose : — Que dans ces dernières années, les pétitionnaires ont vu leur industrie presque complétement anéantie par l’introduetion, au Bengale, de produits fabriqués en Angleterre, dont l’importation augmente chaque année au grand préjudice des manufacturiers indigènes.

    — Que les produits fabriqués en Angleterre sont consommés au Bengale, sans être frappés d’aucun droit qui protège les produits fabriqués par les indigènes."

    — Que les produits fabriqués au Bengale sont grevés des droits suivants, lorsqu’on en fait usage en Angleterre :

    Sur les tissus de coton fabriqués. 10 %
    Sur les tissus de soie fabriqués. 24 %

    Les pétitionnaires prient très-humblement Vos Seigneuries de prendre en considération un pareil état de choses, et ils osent croire qu’il n’existe en Angleterre aucune disposition législative, qui interdise l’entrée à l’industrie d’aucune portion des habitants de ce vaste empire.

    Ils demandent donc d’être admis à jouir du privilège des sujets anglais, et sup-