Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 1.djvu/424

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

De nouvelles taxes furent perçues dans les douanes locales, sur tous les échanges entre les diverses parties du pays ; et à ces taxes on en ajouta d’autres, au moyen des monopoles établis sur l’opium et le tabac, aussi bien que sur le sel, l’une des denrées les plus nécessaires à la vie. La fabrication du sel gris, extrait du sein de la terre, fut sévèrement interdite[1]. Les lacs salés du haut pays en fournissent si abondamment qu’il n’a que peu de valeur sur les lieux[2]. Mais, comme ils se trouvaient même, jusqu’à ce jour, en la possession des princes indigènes, le monopole ne pouvait alors, et ne peut aujourd’hui, en être maintenu qu’à l’aide de fortes troupes d’officiers du fisc, dont la présence rend ce qui n’a presque aucune valeur sur l’un des côtés d’une ligne de démarcation imaginaire, si précieux de l’autre côté, qu’il faut le produit de la sixième partie du travail de toute l’année, pour permettre au pauvre Hindou d’acheter du sel pour les besoins de sa famille. Sur toute l’étendue du rivage de la mer le sel est abondamment fourni par la nature, la chaleur solaire produisant constamment des dépôts salins ; mais le simple fait de le recueillir était considéré comme un délit entraînant l’amende et la prison ; et la quantité recueillie par les officiers de la Compagnie, était limitée à celle qui était nécessaire pour satisfaire la demande au prix du monopole, — tout le reste étant régulièrement anéanti, de peur que le pauvre ryot ne réussît à se procurer pour lui-même, à ses frais, la quantité indispensable pour donner une saveur agréable au riz, base presque unique de son alimentation. Depuis, ce système est devenu moins oppressif ; mais le simple impôt en argent, même aujourd’hui, est dix fois plus considérable qu’il n’était sous le règne des souverains mahométans éclairés[3]. Si nous ajoutons que le malheureux ryot est forcé de faire, en pure perte, le travail qui aurait pu être appliqué à recueillir le sel que sa famille a besoin de consommer, on verra que le montant de la perte, dans ce seul cas, est énorme.

Sous la domination des princes indigènes, le produit de l’impôt était dépensé sur les lieux ; il produisait une demande de denrées ou de services à l’intérieur ; mais, sous l’influence du système de

  1. Campbell. L’Inde moderne, p. 382.
  2. Campbell. L’Inde moderne, p. 381.
  3. Campbell. L’Inde moderne, p. 105.