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CHAPITRE XIII.

CONTINUATION DU MÊME SUJET.

§ 1. — L’action et l’association locales se révèlent d’une façon remarquable dans l’histoire de l’Hindoustan. Elles disparaissent sous la domination britannique.

Dans aucune partie du monde il n’a existé de tendance plus prononcée que dans l’Inde, à l’association volontaire, marque distinctive de la liberté. Dans aucune autre, les plus faibles agglomérations sociales n’ont exercé, à un plus haut degré, le pouvoir de se gouverner elles-mêmes. Chaque village avait son organisation distincte, et sous le régime de ses dispositions simples et « presque patriarcales, les indigènes de l’Hindoustan paraissent avoir vécu — depuis les temps les plus reculés (comparativement) jusqu’à nos jours, — sinon tout à fait exempts des peines et des tourments auxquels les hommes sont soumis plus ou moins dans toutes les classes de la société, du moins jouissant pleinement et individuellement de leur propriété et d’une part considérable de liberté personnelle. Laissez-lui la possession de la ferme que ses ancêtres possédaient, et garantissez-lui, dans leur intégrité, les institutions auxquelles il a été accoutumé depuis son enfance, et l’Hindou, aux mœurs simples, n’aura aucun souci des intrigues et des cabales qui se sont agitées dans la capitale de l’empire. Les dynasties peuvent se remplacer les unes par les autres, de nouvelles révolutions s’accomplir, et ses souverains changer chaque jour ; mais aussi longtemps que sa petite société échappait à la perturbation, tous les autres événements étaient à peine pour lui matière à réflexion. Peut-être ne trouverait-on pas, suris surface de la terre, une race d’êtres humains dont l’attachement au lieu