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Se trouvant privé de tout emploi de ses bras excepté dans le travail agricole, la terre devint naturellement le but principal de ses poursuites. « La terre est la vie, a dit avec tant de vérité et d’énergie le premier Juge Blackburn, » et la population avait maintenant, devant elle, le choix entre l’occupation de la terre, moyennant un fermage quel qu’il fût, ou la mort par la faim. Le seigneur de la terre put ainsi imposer ses propres conditions ; et c’est ainsi que nous avons entendu parler d’une acre de terre payée jusqu’à cinq, six, huit et même jusqu’à dix liv. sterl. « Des fermages énormes, des salaires bas, des fermes d’une étendue excessive, louées par des propriétaires rapaces et indolents à des spéculateurs fonciers monopoleurs, pour être sous-louées par des oppresseurs intermédiaires à une valeur quintuple, au milieu de misérables mourant de faim, ne mangeant que des pommes de terre et ne buvant que de l’eau, » tous ces faits amenèrent une série constante d’attaques contre la propriété, suivie de la promulgation d’actes contre l’insurrection, d’actes contre la détention des armes, d’actes de coercition, lorsque le véritable remède se trouvait, dans l’adoption d’un système qui eût permis aux Irlandais d’associer leurs efforts, et d’entretenir ainsi le commerce qui était alors sacrifié sur l’autel du trafic.

Pour que le commerce puisse naître ou se maintenir en quelque lieu que ce soit, il faut qu’il existe, en effet, des différences entre les positions des individus ; car les fermiers n’ont pas besoin d’échanger entre eux des pommes de terre, quelque besoin qu’ils aient des services du forgeron, du charpentier, du mineur, ou du meunier. La centralisation anéantit toutes les différences qui avaient existé, et força toute la population de se livrer à la culture de la

    pas les plus laborieux de tous les ouvriers, à Londres et à New-York ? Les Irlandais sont ils inférieurs à d’autres en intelligence ? Nous, Anglais, qui avons connu personnellement des Irlandais dans l’armée, le barreau et l’église, nous savons qu’il n’y a pas de meilleur sujet qu’un Irlandais discipliné. Mais dans tous les cas, l’organe qui régit l’activité, l’estomac a été satisfait convenablement. Supposez qu’un Anglais échange son pain et sa bière, son rosbif et son gigot, contre l’absence de déjeuner, contre une chère froide à diner, et point de souper. Avec un tel régime vaudra-t-il beaucoup plus qu’un Irlandais, qu’un Celte, ainsi qu’il l’appelle ? Non. La vérité est qu’on ne doit pas attribuer la misère de l’Irlande à la nature humaine, telle qu’elle se développe en ce pays, mais à la législation perverse de l’Angleterre, dans le passé et de nos jours. » (Sophimes du Libre-Échange, par J. Barnard Byles.)