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la nature et à ses semblables. Le gouvernement, aussi faible que la population, dépend si complètement de la volonté des trafiquants indigènes et étrangers, que ceux-ci peuvent se considérer comme les véritables propriétaires du pays, possédant le pouvoir de taxer à discrétion ceux qui l’occupent ; et c’est à eux certainement que reviennent tous les profits de la culture.

II suit de là que la masse des biens immeubles est presque complètement sans valeur. Dans la grande vallée de Buyukderé, autrefois connue sous le nom de la belle région et située tout à fait dans le voisinage de Constantinople, une propriété de douze milles de circonférence avait été vendue, très-peu de temps avant la visite de M. Mac Farlane, pour moins de 5.000 dollars, tandis qu’ailleurs, une autre presque aussi considérable l’avait été pour une somme bien inférieure. Quelque faibles même que soient de pareils prix de vente, ils ne peuvent manquer de baisser encore, sous l’influence d’un système qui force le malheureux cultivateur d’épuiser le sol, dans les efforts auxquels il se livre pour approvisionner un marché éloigné. Aux environs de Smyrne, on peut acheter facilement la terre à raison de six cents l’acre ; mais ceux qui se contentent d’aller résider à peu de distance de la ville peuvent acquérir cette terre tout à fait libre d’impôt. Le commerce intérieur y existant à peine, il suit de là, comme partout, que le commerce étranger est tout à fait insignifiant. Tout récemment, la somme totale des exportations n’était que de trente-trois millions de dollars, soit environ deux dollars par tête ; tandis que le total des exportations de l’Angleterre pour la Turquie n’était que de 2.221.000 liv. sterl. ou 11.000.000 de dollars ; ce qui donne un peu plus de 50 cents par tête ; et cependant une portion considérable de cette quantité si faible n’arrivait là que se trouvant en route pour les marchés étrangers. Dans toute l’étendue de l’univers, le commerce s’est développé, la terre s’est divisée et a augmenté de valeur, les hommes sont devenus libres et les sociétés fortes, en raison directe du pouvoir de s’associer pour obtenir l’empire sur les forces de la nature. Partout ce pouvoir a augmenté avec l’augmentation de la demande des diverses facultés des individus, demande résultant de la variété dans les modes d’emploi, et conduisant au développement de l’individualité parmi les membres qui ont formé la société. Avec le progrès de ce développement, on a constaté une économie