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presque aussi nécessaire que la rotation immanente de la terre ; et tout autre élément du mouvement annuel exerce une influence plus ou moins marquée sur les conditions biologiques, bien qu’elle ne soit pas aussi considérable que celle que nous avons avancée. L’inclinaison du plan de l’orbite, par exemple, détermine la division de la terre en climats, et conséquemment, la distribution géographique des espèces vivantes, animales et végétales. Et réciproquement, par suite de l’alternative des saisons, cette inclinaison influence les phases de l’existence individuelle dans tous les organismes ; et l’on ne peut douter que la vie serait affectée si la révolution de la ligne des nœuds s’accomplissait plus rapidement ; de telle sorte que son état d’immobilité presque complète a quelque valeur biologique. Ces considérations font voir combien il est nécessaire aux biologistes de se renseigner exactement, et sans aucun intermédiaire, sur les éléments réels particuliers à la constitution astronomique de notre planète. Une connaissance inexacte ne suffirait pas. Les lois des limites de variation des divers éléments, ou, au moins, une analyse scientifique des principales bases de leur fixité, sont indispensables pour les recherches biologiques, et l’on ne peut les obtenir qu’en acquérant la connaissance des conceptions de l’astronomie, géométriques et mécaniques.

« Il peut sembler d’abord anormal, et cela peut paraître une atteinte au système encyclopédique des sciences, que l’astronomie et la biologie soient aussi directement et éminemment unies, tandis qu’il existe entre elles deux autres sciences. Mais tout indispensables que sont la physique et la chimie, l’astronomie et la biologie sont par leur nature les deux branches principales de la philosophie naturelle. Se complétant réciproquement, elles renferment dans leur harmonie rationnelle le système général de nos conceptions fondamentales. Le système solaire et l’homme sont les termes extrêmes dans lesquels nos idées se renfermeront éternellement. Le système d’abord et l’homme ensuite, conformément à la marche positive de notre raison spéculative ; et l’inverse dans les opérations actives, les lois du système déterminant celles qui régissent l’homme et demeurant inaltérables par lui. Entre ces deux pôles de la philosophie naturelle s’interposent les lois de la physique, comme une sorte de complément