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« On est surpris de voir, au rapport d’un autre voyageur, à quel point les Portugais ignorent, ou du moins connaissent superficiellement, toute espèce de main-d’œuvre ; le charpentier est maladroit, et gâte toute besogne qu’il entreprend ; et la façon dont sont finies les portes et les boiseries de maisons, ayant une belle apparence, aurait été digne des siècles les plus grossiers. Leurs véhicules de toute nature, depuis le carrosse de famille de l’hidalgo jusqu’à la charrette qui conduit le paysan, leurs instruments agricoles, leurs clefs et leurs serrures sont ridiculement mal confectionnés. Ils semblent dédaigner le progrès et sont placés si énormément au-dessous du pair et à un degré d’infériorité si frappant, relativement au reste de l’Europe, qu’ils forment une sorte de honteux sujet d’étonnement au milieu du XIXe siècle. »

L’utilité de la terre et de ses produits diminue conséquemment, en même temps qu’il y a constante augmentation dans la valeur des denrées nécessaires pour les besoins de l’homme et diminution dans la valeur de l’homme lui-même ; c’est là précisément le contraire de ce qu’on observe, dans les pays où celui-ci peut satisfaire ce premier besoin de sa nature qui le porte à rechercher l’association avec ses semblables.

Le système a duré un siècle et demi, et pendant tout ce laps de temps le pouvoir de commander les services de la nature a diminué, ainsi qu’on le voit manifestement par la difficulté constamment croissante de se procurer les subsistances, les vêtements et l’abri nécessaires pour entretenir l’existence de l’homme. La part proportionnelle des produits du travail, nécessaire pour payer les frais de transport, a constamment augmenté, à mesure que la quantité des choses produites a diminué ; et le résultat peut se constater maintenant dans ce fait, qu’avec la décadence du commerce à l’intérieur, le pouvoir de l’entretenir au dehors a diminué à tel point, que le Portugal a cessé de compter parmi les nations, même pour ceux qui, en 1703, convoitaient si vivement le trafic avec ce pays. L’individualité de la communauté sociale a disparu avec l’individualité du peuple qui la constitue ; et, ainsi que nous le voyons rapporté dans un ouvrage récent qui jouit d’une grande réputation : « Les finances sont dans le plus déplorable état, le trésor est à sec, et tous les services publics sont eu souffrance. Une insou-