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cié à son semblable épargne tous ces frais et rend son terrain plus fertile à chaque nouvelle récolte. L’homme isolé parcourt de vastes espaces de terrains riches en charbon de terre et en minerais métalliques, et continue de rester pauvre ; mais l’homme associé à son semblable utilise ces dépôts et perfectionne les instruments qui lui servent à produire les substances alimentaires ; et plus il persévère dans cette voie, plus augmente le pouvoir de s’associer de nouveau et de combiner ses efforts. Considérons ce fait partout où vous voudrez, nous verrons qu’à mesure que les hommes peuvent se réunir, ils conquièrent la faculté de commander les services de la nature ; améliorant leurs routes en même temps qu’ils diminuent leur dépendance des instruments de transport, et transportant des tonneaux de produits avec moins d’efforts qu’il n’en fallait pour déplacer le poids de plusieurs livres ; bien que chaque année, successivement, ils se trouvent de plus en plus capables de condenser leurs matières premières en drap et en fer, et de diminuer ainsi le poids des denrées qu’il faut transporter.

§ 4. — La première et la plus lourde taxe que doivent acquitter la terre et le travail est celle du transport. Le fermier placé près d’un marché, fabrique constamment une machine, tandis que le fermier éloigné d’un marché la détruit sans cesse .

La première et la plus lourde taxe que la terre et le travail doivent acquitter est celle du transport ; et c’est la seule à laquelle les droits de l’État lui-même sont forcés de céder la priorité. Cette taxe augmente dans une proportion géométrique, la distance du marché augmentant dans une proportion arithmétique ; et c’est pourquoi l’on voit que, suivant des tableaux récemment publiés, le blé qui, au marché, produirait 24 dollars 75 par tonne, n’a aucune valeur à la distance seulement de 160 milles, lorsque les communications ont lieu par la route que parcourent ordinairement les voitures de transport, le prix du transport étant égal au prix de vente. Par le chemin de fer, dans les circonstances ordinaires, ce prix n’est que de 2 dollars 40, ce qui laisse au fermier 22 dollars 35, montant de la taxe qu’il épargne par suite de la construction du chemin ; et si maintenant nous prenons le produit d’une acre de terre comme donnant en moyenne une tonne, la différence en moins est égale à l’intérêt à 6 %, sur une valeur de 370 dollars par acre. Supposant que le produit d’une acre de froment est de 20 boisseaux, la différence en moins est égale à l’intérêt de 200 dollars ; mais si nous prenons les produits les plus encombrants, tels que le fourrage, les pommes de terre et les navets, on verra que cette différence s’élève jusqu’à trois fois cette somme. De là vient qu’une