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dans ses éléments primitifs ; et c’est à l’état d’anarchie qui existait alors que les historiens ont donné le titre pompeux de « système féodal » au moment où il n’existait aucun système.

La population et la richesse se développèrent lentement, mais en même temps qu’elles se développent, on peut observer un rapprochement graduel vers le rétablissement d’un pouvoir central, soleil du système autour duquel pourront faire leur révolution pacifique les diverses parties de la société française ; mais ce rapprochement est accompagné, ainsi que nous l’avons vu en Espagne, d’un désir intense d’employer le pouvoir ainsi obtenu, à empêcher le mouvement des autres sociétés au dehors. Louis IX gaspilla les ressources de son royaume dans les guerres qu’il entreprit en Orient ; et ses successeurs s’appliquèrent eux-mêmes à troubler le repos de leurs voisins de l’Occident ; faisant invasion sur leurs territoires, pillant leurs villes et leurs bourgs, et massacrant leurs habitants. La poursuite constante de la gloire étant toujours suivie de la faiblesse à l’intérieur, les armées anglaises ne tardèrent pas à reparaître sur le sol de la France pour y répéter les scènes de pillage et de dévastation, qu’elles-mêmes avaient accomplies à l’étranger ; occupant sa capitale et dictant des lois à son peuple. Le règne de l’anarchie étant revenu, toute puissance d’association volontaire fut anéantie.

Sous Louis XI, nous rencontrons encore quelques faits qui semblent tendre à la réorganisation de la société, suivie toutefois d’invasions répétées des pays voisins ; et alors de nouveau l’on constate l’effet de la guerre perpétuelle, dans la confusion presque complète qu’elle engendre, ainsi qu’on le voit à la fin des règnes des souverains de la branche des Valois, à l’époque où le pouvoir royal étant presque complètement anéanti, des armées étrangères envahirent la France, incapable d’opposer aucune résistance.

Une fois encore et pour la quatrième fois, la société se réorganisa sous un prince de la maison de Bourbon, Henri IV, et sous ses descendants. Toutefois, avec la résurrection du pouvoir se ranima le désir d’en faire usage pour nuire aux sociétés étrangères. La centralisation se développa avec l’augmentation des armées, et l’épuisement du peuple s’accrut en même temps que la splendeur qui environnait le trône ; mais alors aussi nous voyons la splendeur et la faiblesse marchant de conserve ; les dernières