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pour ainsi dire, vide d’événements, à raison de ses progrès calmes et pacifiques. Cette ville a quelquefois des démêlés avec ses voisins ; mais la tendance à l’association étant très-développée, « la paix était la condition habituelle et régulière de leurs rapports réciproques. » La paix amena avec elle un accroissement de population et de richesse si constant, que, longtemps avant l’époque de Solon, les individus livrés au commerce et aux arts mécaniques, formaient un corps riche et intelligent, tandis que, dans tout le reste de l’État, le travail et l’industrie étaient consacrés au développement des trésors cachés au sein de la terre. La faculté de s’associer et l’habitude de l’association augmentèrent constamment, avec ce développement continu de l’individualité, auquel Athènes est redevable de sa place éminente dans l’histoire de l’humanité.

Sous l’empire de la législation de Solon, la masse entière des citoyens exerçait le droit de vote dans les assemblées populaires ; mais tous n’étaient pas également éligibles aux charges de l’État. D’un autre côté, tous n’étaient pas, au même degré, soumis aux impôts nécessaires pour l’entretien du gouvernement ; les plus lourdes contributions se prélevaient sur la première classe, éligible aux plus hautes fonctions ; ces contributions diminuaient en descendant dans les autres classes, jusqu’à ce qu’elles atteignissent la quatrième, laquelle en était exempte, de même qu’elle était exclue de la magistrature ; et nous trouvons ici la plus équitable répartition des droits et des charges que l’on puisse signaler dans l’histoire du monde. Partout ailleurs la minorité a monopolisé les emplois, en même temps qu’elle levait des impôts sur la majorité, pour subvenir à son propre entretien ; tandis qu’ici le petit nombre de ceux qui étaient en possession des emplois publics payait les contributions, et la majorité, qui était exclue des premières, se trouvait elle-même entièrement affranchie du payement des dernières.

Dans le siècle qui suit l’établissement de cette organisation, nous voyons l’Attique jouissant d’une paix générale, et croissant par degrés en richesse et en population. Vers la fin de ce siècle, nous trouvons l’État divisé en une centaine de circonscriptions territoriales, dont chacune a son assemblée locale et sa magistrature, chargées de régler les affaires particulières à la localité ; et c’est ainsi que fut constitué un système plus complètement en har-