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gants, viennent prendre place dans la colonie ; et l’on voit cette diminution, à chacun de ses degrés, coïncider avec un accroissement dans la continuité de l’effort, dans le développement des facultés individuelles, et dans la puissance de la communauté dont les individus font partie.

La diminution des besoins étant accompagnée d’une diminution dans l’effort exigé pour leur satisfaction, chaque pas successif dans la direction qui a été indiquée ci-dessus, est accompagné d’une décroissance dans la proportion des travaux de la communauté nécessaires à l’œuvre de la défense personnelle, ou à celle du trafic ou des transports. Plus cette proportion est faible, plus doit être considérable, naturellement, celle des travaux qui peuvent être appliqués à l’œuvre de la culture, en même temps que la puissance d’association augmente et que le commerce se développe. Les deux nécessités que nous venons de retracer formant les obstacles les plus importants qui s’opposent à la satisfaction du premier et du plus vif désir de l’homme, il en résulte que plus ceux-ci pourront être écartés, plus la sécurité de sa personne et de sa propriété deviendra complète, plus aussi son travail deviendra productif, moins sera grande la valeur de tous les objets nécessaires à sa consommation ; et plus grand doit être son pouvoir d’accumuler la richesse. La vérité de ce principe devient évidente, par la satisfaction qu’éprouvent en tout lieu les membres d’une communauté, lorsque par une cause quelconque, ces nécessités sont ou amoindries, ou annihilées ; et la puissance de l’association pour les entreprises pacifiques s’en accroît d’autant.

Cette appréciation ne doit cependant pas s’étendre à ceux qui tirent profit du pouvoir qu’ils exercent sur leurs semblables, soit comme hommes de guerre, soit comme hommes d’État ou trafiquants. Le soldat, cherchant le pillage pour lequel il est toujours prêt à risquer sa vie, a peut-être approprié de vastes terrains qui ont besoin d’esclaves pour leur culture ; ou bien d’autres individus sont disposés à acheter les prisonniers qu’il peut faire. Le trafiquant, de son côté, qui profite de l’irrégularité des communications en temps de guerre, achète des hommes et des marchandises, dans les lieux et au moment où ils sont à bon marché, et les revend dans les lieux et au moment où ils sont chers. Tous cherchent à centraliser dans leurs mains l’autorité exercée sur ceux qui